Menorca - du 16 au 24 octobre 2015

Le temps de finir le petit déjeuner, le personnel du bateau sonne le rappel des troupes à la bourre. Ramasser les fringues dans la cabine, dévaler les escaliers pour rejoindre le 3° sous-sol, on est la dernière bagnole à sortir de la soute du ferry qui relie le continent à Menorca. On met pas longtemps à trouver la maison de Roser. Un pavillon situé sur le passage maritime, à deux cents mètres à vol d'oiseau de l'endroit où on a accosté. Après la presse de Barcelone, la magie de Ciutadella. Il est temps pour les gamines de se dégourdir les jambes sur la pelouse pendant qu'on fait la répartition des chambres et rangeons quelque peu les affaires dans les armoires. 

Menorca, c'est une escale bucolique et de longues minutes de rêverie,
Torres d'en Galmes
les yeux perdus dans les vaguelettes d'une mer qui aura décidé pendant cette semaine de montrer un visage doux et affectueux. Pour Céline, c'est aussi un retour sur les traces des anciens, les premiers qui ont débarqué avant de filer en direction de l'Algérie à la fin du XIXe siècle. Comme dans les îles les choses changent moins vite qu'ailleurs, on n'aura pas trop de mal à retrouver leurs traces. La maison ancestrale, d'abord, tout en hauteur, coincée en plein centre dans la rue d'Alcantara, où vivait Domingo Sans quand il décède en 1869. Toute la lignée, ensuite, qu'on arrivera à remonter grâce aux archives où nous nous sommes enterrés en fin d'après-midi, après des journées bien remplies, guidés par un archiviste passionné, pour atterrir en 1680, au terminus de nos recherches. On en ressortira les yeux éblouis par nos trouvailles et heureux comme des papes.


Naveta dels Tudons
Menorca, c'est une île tout en longueur, desservie par la Me1, colonne vertébrale de goudron hérissée de vertèbres menant à la mer. Arriver directement sur une plage relève presque toujours d'une aventure, car on finit obligatoirement à pied. Ici, la protection du littoral n'est pas une vaine expression et il vaut mieux s'équiper d'une bonne paire de chaussures si on ne veut pas les laisser sur les restes de basalte qui composent l'essentiel de l'île. La récompense se situe au bout du sentier : criques féeriques, ports naturels, phares du bout du monde. L'île a conservé un aspect sauvage que d'autres pourraient lui envier. Un jour de pluie nous aura permis d'apprécier la violence des éléments dans le golfe de Fornells ou entraient des vagues monumentales excitées par le vent du large. A chaque extrémité, les villes de Ciutadella et Mao se livrent une lutte sans merci pour celle qui sera la plus accueillante. Je sais pas si c'est parce qu'elle était baignée par la lumière du soleil, mais la première s'est imposé d'emblée à nos yeux. A peine un peu plus ostentatoire que son homologue de l'est, Ciutadella concentre son activité dans un périmètre restreint et ne prend pas plus d'une journée à visiter. Idem pour Mao qu'il est plus intéressant de découvrir en bateau, en voguant sur le plus grand port naturel de Méditerranée. 

Le golfe de Fornells
Comme c'est souvent le cas en Espagne, les villes ne commencent à vivre que tard le soir. Jusque là, il vaut mieux prévoir autre chose à faire. Pas la peine d'aller très loin non plus. Le secteur est habité depuis le néolithique et les grottes aménagées sont légions, notamment près des côtes. Autour de Ciutadella, impossible de passer à côté de la superbe navette des Tudons, tombe mégalithique talayotique située au terme d'un petit chemin de rocaille, ni de l'incroyable village de la Torre d'en Galmes. Ca n'a pas l'air comme ça mais, même si l'île est à peine plus grande qu'un bouton de cebum, elle regorge de trésors archéologiques où que l'on aille et il faut établir une feuille de route pour les visiter. L'île n'étant pas pourvu d'une route littorale, il faut parfois plus de temps que prévu pour rejoindre deux points apparemment pas trop éloignés sur la carte. 

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