Shooters # 17

Le cinéma peut être un sport de combat. Il l'est en tout cas pour László Nemes. D'une part en décidant de replonger dans le quotidien des sonderkommandos chargés du nettoyage des chambres à gaz dans les camps de concentration, puis en utilisant le plan serré pour bien être au contact de l'action. Le fils de Saul est incontestablement une bonne baffe dans la gueule de l'année 2015. C'est aussi le seul reproche que l'on peut faire au film car la méthode relègue presque au second plan le scénario, à savoir l'obsession pour Saul de donner une sépulture décente à un gamin décédé dans le camp, manière pour lui de retrouver la nature humaine qu'il a partiellement perdu en entrant à Auschwitz. 
The Lobster aurait également pu être une très bonne cuvée. A mi-chemin entre Aldous Huxley et Ken Loach, Yorgos Lanthimos nous projette dans un univers que l'on suppose dans un premier temps très british, avec l'arrivée de David dans un hôtel spécialisé dans la recherche de l'âme sœur. Mais petit à petit tout part en live et David se retrouve pris dans un engrenage pouvant s'avérer fatal s'il n'y prend garde. L'idée de départ est excellente mais, en brûlant ses cartouches durant la première demi-heure, Lanthimos s'épuise à trouver le second souffle. Résultat, une seconde partie qui traîne en longueur dont seule émerge Léa Seydoux, aussi belle que cynique. 
A 35 ans, Bubby vit toujours dans et sous les jupes de sa mère. Cloîtré dans un appartement digne des égouts de Bucarest, il regarde passer les heures, jouant avec le chat, convaincu que s'il passe la porte il mourra dans d'atroces souffrances. Tout se passe bien dans le pire des mondes jusqu'au jour où son père qui a largué sa mère à sa naissance refait son apparition. Bubby est mis à l'écart, fait tout pour retrouver "l'affection" de sa mère, en vain. Après les avoir buté tous les deux, il part vers l'aventure du dehors. Bad Boy Bubby, sorti en 1993 et réexploité en 2015, étonne et dérange par une liberté de ton qui nous entraîne tour à tour dans les confins de l'inceste et de la violence d'une société qui rejette le différent jusqu'à ce qu'il y trouve une place. Éprouvant mais démentiel. 
Seul sur Mars n'est ni l'un ni l'autre. Ridley Scott revisite la blague des parents qui partent en vacances et oublient leur gamin sur l'autoroute. Sauf que là, le point de chute est à 60 millions de kilomètres et qu'il faut six mois pour revenir. Alors pendant ce temps, le capitaine Mark Whatney se balade dans le désert en quad et plante des patates. Et après ? Ben c'est tout. Seul sur Mars n'est qu'une tentative bien maladroite d'alimenter le roman national américain en usant de la méthode "plus c'est gros plus ça passe". Embrassades, pleurs et applaudissements. 





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