Shooters # 14

Clint Eastwood est un bon réalisateur, c'est indéniable, mais aussi subversif qu'un socialiste à l'université d'été du Modem. En prenant pour thème un militaire US passé à la postérité, il a décidé d'en faire encore moins que d'habitude. American Sniper c'est l'histoire d'un marine qui part en campagne en Irak pour déloger Saddam Hussein de son trou, coupable de multiplier des armes de destruction massive. Entre les allers et retours sur le terrain, il passe du temps avec sa nana qui commence à en avoir un peu marre de ces voyages d'autant plus que la guerre lui tape sur le ciboulot. Eastwood aurait pu faire un excellent sujet sur le choc traumatique post-guerre, mais en consacrant les deux tiers du film à des opérations de guerre sans grand intérêt si ce n'est justifier le budget colossal qui a dû être utilisé pour le film, on se contente juste de suivre un gros bourrin dans des opérations de nettoyage de maisons de civils. 
Pour son troisième long métrage, le réalisateur Damian Szifron a décidé de lâcher les watts dans une série de sketchs qui rappellera sans problème les Monstres de Risi. Et les Nouveaux Sauvages frappent fort d'entrée avec ce crash d'avion programmé dont les échos résonnent étrangement après la catastrophe de Germanwings. La suite est du même acabit avec des personnages, apparemment sans histoire, subissant les événements jusqu'à atteindre le point où la goupille saute et où les règles de la bienséance sont totalement bafouées. Une bonne bouffée d'air frais en tout cas. 
Espace de liberté pour certains et/ou de dissimulation pour d'autres, les Terrasses sont le lieu de toutes les activités. Merzak Allouache y jette une caméra discrète mais révélatrice de ce qu'il s'y déroule. A demi-mots, en sautant de l'une à l'autre, le réalisateur fait un tour d'horizon de la société algéroise que l'image, le soleil blafard et le vent que l'on devine glacial, nous décrivent en perdition, à la recherche d'une occidentalisation qui s'éloigne de plus en plus pendant que les vieux démons en profitent pour refaire leur retard. Beau et sans espoir...  

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