Shooters # 7

On va pas vous la jouer marronnier du blog mais en ces temps où crise capitaliste rime avec repli nationaliste, il est toujours bienvenu de sortir les grosses ficelles pour sensibiliser les esprits. Dans Ernest & Celestine, B. Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier, sur un scénar de Pennac, n'ont pourtant pas trop sorti l'artillerie lourde et c'est peut-être pour cette raison que l'on se laisse happer par cette histoire d'amitié entre deux êtres qu'à priori tout sépare, du moins en apparence, mais qui ont le même trajet de vie, des aspirations contrariées par leur entourage et une volonté de bousculer les théories officielles. C'est humble, frais et d'une réelle poésie.
Dans Happiness Therapy, on sent que David O. Russell a voulu donner à son film une ambiance moins cul-cul la praline que la plupart des comédies british ou américaines : un temps souvent gris et une action se déroulant dans les quartiers résidentiels middle-class de Philly, entre les nains de jardin qui gambadent et les beaufs qui vont se mettre sur la gueule pour le match de foot du dimanche. On est loin de Chelsea ou de Manhattan surtout quand l'on voit De Niro en père de famille, ce qui peut déstabiliser (enfin, moins depuis les navets avec Ben Stiller), mais qui retrouvera quand même son naturel lorsqu'il se transformera en Jimmy Conway pour coller une bonne demi-douzaine de pains dans le nez de son fils. L'histoire entre Bradley Cooper et Jennyfer Lawrence est mignonne comme du Nora Ephron mais pour le coup Russell aurait pu densifier un peu plus le scénario car le niveau de suspense est à peine plus élevé qu'un épisode de Yakari. 
Et pendant ce temps Tarantino continue de revisiter et de s'arranger avec l'Histoire à grands coups de taloches et de coulées d'hémoglobine torrentielles. Dans Django Unchained la surprise joue un peu moins que dans Unglorious Basterds, mais l'effet reste le même : jouissif. La gouaille de Christoph Waltz se charge de mettre tout le monde sur les rails de cette histoire de duettistes tout droit sortis d'un western spaghetti à qui le film rend un hommage flagrant, avec le sud esclavagiste en toile de fond. Derrière il n'y a plus qu'à laisser couler, se laisser guider, protégé par un héros omnipotent et ténébreux sur lequel glissent les balles. Mais la palme revient assurément à un Samuel L. Jackson époustouflant dans le rôle de Stephen, intendant de Di Caprio qui, à force de côtoyer les négriers en est devenu insensible à la souffrance de ses semblables. Trois heures qui passent comme un lavement jusqu'à l'apothéose finale. 
De ce côté-ci de l'Atlantique Bacri et Jaoui font ce qu'ils savent faire le mieux. Jouer les fatalistes avec une vie ni moche ni belle mais dont il faut s’accommoder en attendant l'heure du trépas. Le duo a depuis longtemps perdu la frénésie d'Un Air de Famille ou de Cuisines & Dépendances (Darroussin n'est plus là il est vrai), mais avec Au bout du conte il nous offre un film tout en douceur et sans prétention, parsemé d'un brin de poésie, avec une mise en scène évoquant les contes de l'enfance Cendrillon, Le Petit Chaperon Rouge, La Belle au Bois Dormant. C'est propre et bien fait, assez souvent marrant, notamment le personnage de Pierre, incarné par Bacri, ébranlé dans ses certitudes cartésiennes par une voyante qui lui annonce son décès pour dans quelques mois.

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