Baal Babylone - Fernando Arrabal (1959)

Même si la tension de la période est en toile de fond, Baal Babylone n'est pas un pamphlet contre le franquisme. Pas directement disons et ce même si Arrabal durant sa vie en Espagne s'est clairement posé en farouche opposant à tel point qu'il était considéré comme l'une des personnes les plus dangereuses pour le régime. Baal Babylone est une confession, un avis de recherche, une déclaration. Arrabal veut surtout parler à ce père qu'il n'a pas connu, ou très peu, dont le seul souvenir qui hante sa mémoire est une journée de plage à Melilla. Puis plus rien. Il essaie de comprendre qui était cet homme, républicain, emprisonné à perpétuité et dont plus personne ne retrouvera la trace après son incarcération. En plus de ça, Arrabal se heurte à l'ostracisme dont son père a fait l'objet de la part de sa mère qui s'est concrétisé par l'élimination pure et simple de son image sur les photos de familles. Double-peine. En questionnant sa mère Arrabal se heurte à un mur. Elle ne pleure pas la mort de son mari mais plutôt le fait d'avoir été abandonné pour une cause politique, qui plus est opposée à Franco, alors qu'il était plus simple de se taire, de continuer à vivre. A travers le portrait acerbe qu'elle en fait, Arrabal essaie de faire le tri, de distinguer les traits de ce père qu'il n'a pas connu et dont il ne peut que difficilement deviner le visage. Ouvrage simple, sans artifice, Arrabal s'y livre sans porter de jugement sur les uns et les autres alors qu'il était parfaitement en droit de le faire, choix qui permet au bouquin de ne jamais tomber dans le réquisitoire.

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