Shooters # 3

 Holy Motors - Leos Carax (2012)

Peut-être le meilleur film que j'ai vu ces derniers mois avec le Bullhead de Roskam. Pendant que certains sont en train de filmer leurs vacances ou la garden-party de dimanche avec pépé et mémé, Carax fait du vrai cinéma avec de vrais acteurs. Dans Holy Motors, Denis Lavant y est totalement dingue, campant plusieurs personnages le long d'une journée qui le verra tour à tour endosser le rôle de meurtrier, simulateur de gestes pour jeux vidéos ou clochard totalement allumé. Un rôle = un contrat, comme si la vie n'était finalement qu'une comédie sur une toile de fond mystique avec laquelle joue le réalisateur. Jouissif.                                                    





Kill List -  Ben Wheatley (2012)
Il arrive parfois que l'on soit surpris avec les premiers films. Le guerrier silencieux de Winding Refn avait été une grosse tarte dans le museau. Sur le synopsis, Kill List avait toute l'apparence des réalisations sans prétention appelée à laisser des traces indélébiles. Et les premières minutes, tonitruantes, le laissaient présager. Sous la pression de la crise financière que traverse sa famille, un tueur à gages est chargé de reprendre du service pour le compte d'une organisation dont on ne sait pas grand chose sauf qu'elle rigole pas avec les clauses. Pas de contrat papier, juste un pacte de sang qui va entraîner Jay et son acolyte dans un engrenage fatal. A partir de là tout part en cacahuète et pas toujours dans un sens bien défini. Il y est question de snuff movies qui, apparemment, mettent en scène des gamins, d'une affaire de Kiev dont on ne saura pas grand-chose, et d'une secte qui arrive à point nommé pour le bain de sang final. La tonalité de départ constituait une bonne base de travail, l'opposition entre la vie de famille pépère et le travail de Jay notamment, mais après tout se passe comme si le scénario échappait totalement à Wheatley et qu'il tentait de compenser ce caractère brouillon par une surenchère de violence dont on ne saisit pas toujours la subtilité.


La part des anges - Ken Loach (2012)

La part des anges dans le monde du whisky, c'est la part d'alcool qui va s'évaporer lors de la maturation du liquide dans les tonneaux. Pour Loach, c'est aussi l'infime partie d'une jeunesse qui va essayer de se sortir de la misère dans laquelle la maintient la crise économique et sociale. Le réalisateur anglais aime bien les contes de fée et ne se résout pas à laisser Robbie et ses copains dans la mouise. Il leur invente une petite histoire tranquille à base de malt, de vol et de recel, pas dangereuse pour deux sterlings, dont l'issue ne fait aucun doute. C'est parfois marrant (l'accent écossais des protagonistes est succulent), pas trop mélancolique (on est loin de la tension de My Name Is Joe) mais on a connu Loach plus inspiré.


A Little Closer - Matthew Petock (2012)

Ce dont on parlait plus haut. Petite tranche de vie dans la campagne US d'une famille monoparentale où la mère de deux garçons tente de joindre les deux bouts comme elle peut entre l'éducation de ses gamins et la tentation de leur trouver le premier père venu. C'est assez sobre, Sayra Player y joue une femme attachante, touchante dans sa volonté de s'en sortir au milieu d'une société rurale sudiste que l'on devine encore marquée par des codes de conduite nauséabonds, où racisme et homophobie ont encore de beaux jours devant eux. Un film sans prétention, intéressant dans la forme un peu comme si on assistait à la projection d'un film de vacances en super 8 sans le son, mais dont le fond manque réellement de matière.


Starbuck - Ken Scott (2012)

David est le canard boiteux de l'entreprise familiale de boucherie Wozniak. Dans le privé c'est Starbuck, donneur de sperme dont la semence est d'une qualité telle qu'il est à la base de la conception de 533 enfants. Tout va à peu près bien dans sa vie lorsque ces enfants partent à la recherche de leur père biologique et que cela en devient une affaire nationale, et qu'il apprend que Valérie qui partage sa vie est enceinte. C'est supposé être marrant mais le film de Scott est rempli de clichetons sur la paternité, l'enfantement qui ont eu ma peau après dix minutes de projection. Une niaiserie se payant même le luxe d'une fin à la Lelouch.

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