Cormac McCarthy - Blood Meridian (1985)

Cormac McCarthy n'est vraiment pas un bon patriote. Au lieu de célébrer  la conquête des terres de l'Ouest comme ses copains cinéastes, dans une fresque dualiste où tout est clairement balisé et formaté, une opposition entre gentils blancs animés des meilleures intentions contre les Indiens, évidemment féroces et armés jusqu'aux dents, mais où tout se règle autour d'un feu de camp en fumant un calumet de la paix, il en fait un trou noir d'inhumanité où la "pacification" prend des allures de génocide et où les seules fleurs sont celles qui éclosent sur les tombes. 

Sorti en 1985 et cinquième ouvrage de l'écrivain américain, Blood Meridian décrit le parcours d'un gamin au sein de la troupe des mercenaires de John Glanton dont l'objectif est le "nettoyage" des populations autochtones. Sans concession aucune. Des êtres totalement déshumanisés, un extérieur à l'obscurité permanente, McCarthy nous fait plonger dans le côté sombre de la construction américaine. Des espaces dépourvus de vie, des populations où la seule règle tient dans un holster sur la hanche, Blood Meridian a l'odeur âcre et le goût métallique du sang. Comme toujours chez lui, c'est assez dense, son écriture lancinante, patiente et précise apporte à son œuvre un visuel largement supérieur à n'importe quel film, et l'on se retrouve projeté dans une atmosphère, un monde auquel on aurait pas aimé participer, tant celui-ci transpire la violence et l'absence de sentiment - l'épisode de la bagarre entre le kid et le barman est saisissant de réalisme. Un ouvrage à la fois prenant aux tripes mais dont le côté ténébreux peut par moment être étouffant au point de se noyer dans le flot de sang qui coule de chaque page.

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