Babycall vous rappelle qu'il y a des films qui ne laissent
pas indifférent, qui tirent sur les
mécaniques synaptiques sans pour autant donner la nausée. Le réalisateur
norvégien Pål Sletaune ne nous fait pas sortir les mouchoirs pour pleurer de
rire et de joie mais nous trimballe dans un espace clos (accentué par la prise de vue en plans serrés),
vieillot, froid et lourd d'angoisse. Et lorsque les espaces sont libérés, reste
toujours ce lien oppressant qui ne se relâchera que lorsque la bobine arrivera
à sa fin. Les scènes les plus importantes prennent empreintes dans des endroits
habituellement rassurants mais là encore, pas un soupçon d'apaisement. On place
le film de Sletaune à la limite du fantastique, tant ses rouages nous y font
penser, par des jeux de va-et-vient et de flashbacks.
L'interprétation de Noomi Rapace est excellente dans le rôle
d'Anna, une mère angoissée, tourmentée par un passif avec un mari violent. Son
jeu bouscule incessamment nos interrogations et nos doutes, malmenant notre regard et
lorsque un fait semble se confirmer, la minute après il devient plus trouble et
trompeur, ne nous permettant pas d'appréhender la situation. La mère
transpire sa psychose, haletante, à fleur de peau et les murs ne sont plus des cloisons rassurantes mais des séparations qui peuvent
paraître non existantes, où ce qui vit à l'extérieur d'un espace fermé
s'introduit avec brutalité, sans ménagement, augmentant le malaise physique et
psychique du personnage à la recherche de tranquillité.
Le cinéphile est tenu en haleine jusqu'au bout et ce n'est
pas pour rien que Babycall a été récompensé. Si vous ne souffrez pas de claustrophobie, osez vous aventurer en atmosphère
norvégienne, vous en sortirez silencieux et toujours aussi attentifs au moindre
questionnement.
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