Jack Vance - Le Cycle du Lyonesse (1983-1989)

 
La surmédiatisation de ces dernières années ferait presque oublier que, derrière Tolkien, il existait une production littéraire fantasy de qualité. Moins connu que son illustre confrère anglais, Jack Vance et son cycle du Lyonesse en sont l'exemple parfait. Une fresque épique, déclinée en 3 tomes de 1983 à 1989, Le jardin de Suldrun, La perle verte, Madouc.

Puisant un peu partout dans les légendes occidentales, Vance met sur pied une histoire très typée médiéval prenant pour cadre ce qu'il appelle les Isles Anciennes, quelque part au large de l'Aquitaine. Une princesse - Suldrun - délaissée parce que princesse et qu'elle n'en fait qu'à sa tête, va se heurter à la toute puissance paternelle dès lors que viendra pour elle l'âge de convoler en noces arrangées alors qu'elle en pince pour un autre prince. En vouant son amour à celui qu'elle a choisi, Suldrun souhaite affirmer sa féminité, et par là-même se heurte aux barrières de la politique, au protocole de la représentation, ainsi qu'à la mysoginie d'un pouvoir essentiellement masculin. Progressivement, on se laisse attendrir par la frimousse de la jeune fille, ses caprices, prise en étau entre une mère complètement tarte, un père - Kasmir - rigide à qui l'on a envie de filer des pains à répétition, et un curé chaud comme une baraque à frites.

Sous des dehors de conte pour enfants, Vance n'hésite pas à exercer des torsions aux idées convenues. Mis à part Aillas, personnage central de l'oeuvre, invulnérable, omnipotent prenant toujours les bonnes décisions, son entourage et les personnages qu'il rencontre offrent une psychologie moins évidente que celle que l'on trouve habituellement dans la fantasy : un ogre pédophile, des esclaves castrés, des magiciens pas si forts que ça, des seigneurs efféminés...Sans trop être provocateur, Vance aime bien prendre certaines libertés avec eux, sans tomber dans la provocation bidon, mêlant son verbe d'une petite pointe d'humour pince-sans-rire faisant du cycle du Lyonesse une petite bière rafraîchissante pour ceux qui n'auront toujours pas eu le courage - ils ont tort - de s'enquiller le Seigneur des Anneaux.

Commentaires

  1. De Vance je n'ai lu que le Tome 1 du Cycle de Tschai lu il y a des années. J'étais pas allé au-delà du T1 lu dans une version à horrible couverture d'autrefois. Cela m'a découragé car mon imagination allait plus loin que la moche couverture. Ceci dit, je me suis dit que je retenterait de lire un texte de Vance cet été justement.

    RépondreSupprimer
  2. Le cycle de Tschai n'est pas le meilleur, mais je ne peux que te conseiller le cycle du Lyonesse, très vivant, que je dévore et redévore régulièrement quand l'été arrive, ainsi que les baladins de la planète géante.

    RépondreSupprimer
  3. J'ai "La planète Géante" en Folio SF, que j'espère bien me lire cet été d'ailleurs, dans le cadre d'un sympathique challenge (qui n'en n'est plus un pour moi) de lecture space opera.

    RépondreSupprimer
  4. Vance est un écrivain super prolifique. J'ai également beaucoup aimé les Baladins de la planète géante (je sais pas si c'est celui dont tu parles) mais aussi les deux tomes de Cugel (Cugel Sage et Cugel l'Astucieux).

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire