Light Bearer - Lapsus (2011)

We are the sons of fire, we are the daughters of light...cette phrase marque le dernier défi lancé par Lucifer à l'autorité avant sa déchéance. Pour beaucoup, les croyants en général, Lucifer est l'incarnation suprême du mal, l'autre appellation de Satan, pour d'autres il est celui qui porte la connaissance, la vérité...Deux significations, deux manières de voir les choses et une nouvelle charge lancée à la face des obscurantistes de tout poil. Alex CF en avait fait l'un de ses chevaux de bataille dans Fall Of Efrafa. Light Bearer est sa suite, indéniablement. Le chapitre change mais l'oeuvre reste la même. Un pari ambitieux, peut-être davantage (sûrement même) que The Warren of Snares. Cette dernière avait pour elle ce coté instinctif mais qui n'aura pas su éviter tous les écueils. Lapsus reprend l'aventure là où FOE s'était arrêté. Une œuvre déclinée en sept actes, comme un livre, comme un opéra. Plus qu'un concept-album, un ouvrage où le texte et la musique font partie intégrante d'une même dynamique, en parts égales. Une source majeure pour ce premier volet, le Paradis Perdu de Milton, décortiqué et réinterprété.

Musicalement on reste dans le même esprit que FOE dernière époque, de grandes nappes sonores épiques avec alternance de silence et de longues phases bruyantes. Difficile d'extraire un morceau plutôt qu'un autre tant l’œuvre se décline telle un bloc massif et unique. Mais niveau ambiance, plutôt deux mouvements, l'un concernant une mise en place jusqu'à l'accusation, puis le signal de la déchéance qui occupe les vingt dernières minutes du disque. Une montée progressive, prudente, presque timide, incertaine, matérialisée par une longue plage introductive, ponctuée de murmures, de caresses de violoncelle qui fait son grand retour, pour illustrer la faute, la soumission ("Prologue", "Beyond the Infinite") ; puis le réveil, la prise de conscience après la confrontation avec le Metatron et le chœur des Zélotes, le quintet sonne la charge, remue ciel et terre, créé le chaos dans un final épique où Lee Husher vient donner un coup de main lyrique à Alex ("Prelapsus"). Light Bearer est une grosse machine organique qui vit, respire, tousse et remue, un monstre rampant qui s'empare de tous les espaces, étouffant, mais se ménageant des poches d'air pour nous permettre d'aller au bout. Avec ses 60 minutes, ce premier volet fait office de marathon pour les oreilles mais de la même manière que la qualité d'un livre ne se résume pas à son nombre de pages, un disque ne se résume pas à son nombre de minutes.

Lapsus est une entrée triomphale, d'une ambition certainement démesurée, une tentative de comprendre les nombreuses facettes de l’obsession humaine, parmi lesquelles la recherche du bien et du mal et toute la subjectivité qui va avec. Une œuvre complexe, massive, qu'il sera impossible d'assimiler à la première écoute, d'autant plus que la comparaison avec FOE sera inévitable. Une fois enterré le passé, on s'apercevra que Light Bearer possède sa propre légitimité et que le groupe devrait aller très loin si le temps et la patience le lui permet. La suite devrait être grandiose...

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