La morsure du coquelicot - Sarah Haidar (2016)

Ce n'est pas anodin si Sarah Haidar a pris le coquelicot et sa couleur rouge sang comme point de départ de son roman de combat. Elle y décrit une société autoritaire qui peut prendre vie dans n'importe quel pays, une société de suspicion, de brimades, de restriction mais aussi de révoltes. Dans ces pages, Sarah Haidar donne tour à tour la parole aux combattant·es, femmes et hommes, en proie à un pouvoir sanguinaire qui, parfois, prend la parole pour rappeler sa puissance autoproclamée, sa fidélité dans un régime coercitif ou tout le monde peut être suspecté d'être un opposant. Alors oui les corps sont meurtris par les séances de torture, la peur permanente, mais il révèle surtout l'impuissance à gagner les âmes d'une autorité qui doit alimenter et reproduire sa violence à l'infini pour persister. 

Teinté d'ironie, de résilience, de fatalisme, "La morsure du coquelicot" révèle surtout que même la société la plus restrictive ne peut maintenir l'étanchéité de son process autoritaire de manière permanente. La multiplicité des voies d'opposition, de résistance, l'ouverture de plusieurs fronts de contestation sont autant de lézardes dans l'édifice étatique qui ne peut faire face à toutes les révoltes. Et même quand toute apparence d'espoir a disparu, il reste le verbe, la poésie, l'arme la plus redoutée de toutes les dictatures.    

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