Une cabine de péage matérialisée par de la rubalise. A l'intérieur un agent qui tue le temps au rythme de radio Varsi et sa programmation musicale d'un autre âge. La compagnie 11h11 nous fait replonger dans un passé pas si lointain que ça, où les péages étaient assurés par des êtres vivants de chair et d'os, des rêveurs, des énervés, des qui-s'en-foutent, des qui-y- croient. Denis n'a pas l'air triste d'excercer ce métier. Il est là, pas convaincu pour deux sous par ce qu'il fait mais il ne voudrait pas être ailleurs. Il a essayé la ferme, les abattoirs. Mais Denis est un tendre qui ne peut pas tuer les bêtes qu'il a contribuées à élever avec ses parents. C'est au moment où on lui annonce que son poste et celui de ses collègues vont être remplacés par un automate qu'il montre son véritable caractère.
Compozieux nous propose une courte pièce, touchante par la vérité qu'elle incarne, son authenticité dans laquelle se croisent plusieurs personnages tous habités d'une sincérité qui contribue à en faire un fougueux maelstrom, de joie, mais aussi de tristesse, où apparaîssent tour à tour des fêlures, des fractures, la résignation et la mort. C'est l'histoire d'une défaite, c'est certain, mais pas si dramatique que ça au final. Elle démontre surtout que, même si le système marchand est un broyeur auquel il est difficile de résister, il existe toujours des interstices par lesquels se faufiler pour ne pas accepter d'en être l'esclave.
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