Sulla linea dell'orizzonte fra questa mia vita e quella di tutti - Italie (juillet 2022)

Cette année on a changé notre fusil d'épaules. L'idée de vacances itinérantes en Italie a fait son chemin très rapidement dans notre esprit en raison de la proximité de laquelle on partait. Logistiquement ce n'est pas la même chose. En partant pour quinze jours, on doit prévoir l'équivalent en fringues histoire de ne pas passer les soirées à la laverie automatique du coin en attendant que les slibards soient lavés. Donc au départ le coffre ressemble davantage à un véhicule en pleine débâcle de 1940 plutôt qu'à celui d'une famille partant sur la Riviera italienne.

Come prima

On ne s'arrêtera pas avant Pise. Rien qu'à penser au trajet par autoroute qui nous attend me donne des sueurs froides. L'Italie n'étant pas le pays le plus cheap en matière de prestations, je m'attends au pire à la sortie du péage à Pise. Et puis, non. Fausse alerte. Pas pire que de se faire démonter sur la future autoroute Toulouse-Castres. Zen attitude. Enfin, pas pour moi car l'entrée dans les villes me fait toujours flipper et le flip me fait écouter à moitié les indications de Céline. Bref, on parvient à se garer dans le dédale de rues de la vieille ville, vraiment pas loin de l'Helvetica Tower Hostel. La chaleur est intense. Heureusement que les chambres sont dotées d'un ventilateur de plafond, assez efficace. 

La tour de Pise

L'Arno


Un rapide repérage des lieux de l'ensemble ecclesial car on est à deux pas et on repart en direction du fleuve Arno. Si dans notre quartier c'est assez feutré, au fur et à mesure qu'on descend, on pénètre dans le secteur universitaire où ça s'ambiance méchamment dans les bistrots et les places. 

BO : Chivàla - Squilibrio

In sintonia con la torre

Si la prouesse architecturale de la tour est indéniable, l'étude topographique qui a présidé à sa construction laisse un peu à désirer. A son pied, l'impression est assez déconcertante. On laisse s'extasier les touristes devant cette anomalie et on met à profit cette belle journée pour visiter il duomo maggiore, où il y a clairement moins de monde. Autour, les pelouses sont squattées par les jeunes qui n'en ont pas trop grand chose à faire de manger leur pâté à proximité de tant d'histoire. On passe la suite de la visite au marché pour voir si on trouve pas une petite tour en plâtre pas trop chère.

On reprend la route l'après-midi. Florence n'est qu'à 80 bornes de Pise aussi on prend un peu notre temps et on y arrive en fin d'après-midi sous une chaleur accablante. Le temps de trouver un parking abordable. La Villa Mosaica resplendit de partout avec son petit patio arboré et sa terrasse qui domine une partie du quartier. L'intérieur est en apparence cossu. Bon il n'y a que trois fourchettes et un couteau, quelques assiettes et pas d'électricité au premier étage car chaque niveau est alimenté par une carte magnétique et, évidemment, on n'en a qu'une. Et évidemment bis, il n'y a personne au bout du numéro d'urgence qu'on nous a refilé. Normal.

BO : La Quiete - Giugno

Sole cocente

Je parviens à choper le préposé à la Villa Mosaica qui me refile la deuxième carte magnétique et lui demande un dédommagement pour la première nuit dans le noir. C'est pas lui qui s'en occupe et il faut appeler un autre numéro que j'ai dû faire à peu près 38 fois sans que personne ne me réponde.

Le tramway nous amène sur un rythme chaloupé vers le centre-ville. Il charrie également les gamin·es qui s'arrêtent au complexe de tennis situé non loin de notre quartier avant de reprendre sa route. La presse est largement plus importante qu'à Pise. Si en temps normal Florence doit être une ville tout ce qu'il y a de plus zen, en été c'est la bocca del infierno. Des régiments entiers de touristes défilent par les rues, dévalisant les enseignes Zara et Sephora. A Florence, tout se monnaye. Autant dire qu'avec les enfants on va se contenter de lever les yeux et d'apprécier tout ce qui peut être bon marché. On fait une croix sur la galerie des offices, privilégiant les statues en plein air. On essaiera en vain de s'asseoir quelque part. Les bancs sont inexistants et l'ombre des parcs n'est accessible que moyennant brouzoufs. C'est dommage car la ville a vraiment l'air d'être un bijou.   

BO : Shizune - Petit déjeuner en enfer

Sulla strada per il mare

Pour changer un peu on a voulu rejoindre l'adriatique par la route nationale, celle qui traverse le parco nazionale delle foreste Casentinesi. Elle est longue, très longue et jonchée de radars dans tous les villages. Après coup je me dis que pas un ne fonctionnait car on aurait dû recevoir une ou deux prunes quand même. 

Dans la voiture c'est tranquille, ça bronche pas. Tout le monde vaque à ses occupations pour tuer le temps mais je me dis qu'on aurait peut-être dû faire le détour par Bologne pour en gagner un peu. De part et d'autres, le paysage n'est pas incroyable, des monts par ci, par là et surtout une envie de faire pipi qui surgit à un moment où ce n'est pas le plus commode. 

Rimini c'est l'étape fraîcheur de ce premier tronçon italien. Une station qui a l'air d'avoir eu son heure de gloire il y a quelques temps mais dont le style défraîchi - parfois en ruine - de certains batiments témoigne d'un temps largement révolu. L'hôtel dans lequel on descend ferait presque office d'appartement témoin de cette ére mais la chaleur des hôtes nous fera oublier la vétusté des chambres. Les filles ont leur chambre et gèrent leur espace comme elles le souhaitent. Misia installe ses bidules sur sa table de chevet comme si on restait quinze jours.

Vue du littoral, Rimini c'est l'équivalent de Narbonne-Plage avec ses boutiques à souvenirs que l'on trouve tous les 2 mètres. Mais les filles s'en foutent. Le sable et l'eau les attire comme un aimant et nous aussi. Les pieds dans l'Adriatique ça a des vertus thérapeutiques et ça nous requinque. Mais même si la station n'est plus ce qu'elle était, elle n'en a pas fini avec le haut standing. Les trois quart de la plage sont privatisées par les paillottes sur le sable et ne reste qu'une bande de 5 mètres sur laquelle les prolos ont le droit de poser leurs serviettes de bain. 

Mais Rimini ce n'est pas que ça. Durant l'Antiquité, c'était aussi une cité importante d'où sortait une céramique. La vieille ville, dans le prolongement de l'ancienne, offre un aspect beaucoup plus paisible, genre village. Loin de l'activité de la plage, on s'arrête chez un couple de cafetiers très sympa chez qui on prend une collation. Le soir, les filles se lacheront au parc d'animations situé dans le bled pas loin. 

BO : Votto - Ogni Paura, Ogni Certezza

Un biglietti andato per Venezia

On entre pas dans Venise comme qui rigole. Les bagnoles sont priées de rester à l'extérieur sur Mestre. On tourne autour du parking pour trouver l'entrée. Pas de barrière, juste un garage à moitié fini avec un gardien à l'entrée qui regarde d'un oeil distrait la réservation que je lui mets sous le nez. Surtout ne rien oublier car on pourra pas revenir le chercher une fois qu'on aura mis le pied sur la lagune. Comme le distributeur automatique de billet du vaporetto ne marche pas, je suis obligé de galoper dans le quartier pour trouver un point de vente. Content d'avoir trouvé les sésames mais suant comme un cheval après l'effort, la ballade sur le grand canal a des allures de croisière, notamment par l'odeur de mazout qui règne à bord. Je me remémore bien inutilement ce qu'on a pris et qu'on aurait pu oublier dans la voiture pendant que les filles en prennent plein les yeux autour d'elles. Petit à petit, le vaporetto se vide et Venise se dévoile à nous. On n'a pas encore pris la mesure de tout ce qu'elle a à nous offrir.

Céline nous a trouvé un cocon tout tranquille dans une des nombreuses cours de la cité. Un duplex, dans une vieille maison vénitienne dans laquelle on accède par un patio, à deux pas du ghetto. Après Florence, on se tape encore le canapé convertible pendant que les enfants ont des lits tout moelleux. Ca devient un peu le running gag du séjour. Mais séché·es comme nous le sommes le soir, nous ne sentirons pas la différence.

Venise, pour la visiter, il faut aller se perdre dans les rues, essayer de se dévier du flot de touristes qui filent attiré·es comme des hannetons par une lumière vers la Piazza San Marco. Autant le dire de suite : la ville n'est pas pour les mal-portants. Soit tu marches, soit tu t'assieds et tu consommes. Il n'y a pas d'entre deux ou alors tu finis sur les marches des petits ponts qui enjambent les canaux. Aussi il est compliqué de s'arrêter pour bader les façades et les maisons quand la cohue te presse. Je n'ose même pas imaginer le nombre de kilomètres réalisés dans une journée mais on doit pas être loin de Sparte-Olympie à la marche. 

Mais Venise ce n'est pas que ça, heureusement. Au delà de la prouesse urbaine, c'est aussi le lieu où s'alimente la rêverie dès que l'on peut se contempler cinq minutes dans les canaux, regarder au loin vers le Lido quand le soleil vient s'éclater sur les quais, quand le soleil se couche sur le ghetto et qu'il nous transperce les yeux. Ce sont les nombreux escaliers qui finissent dans l'eau et qui permettent aux filles d'aller tremper les pieds pour se rafraîchir. Au fil des balades, on aperçoit quelques cours à l'atmosphère paisible mais le palais des Doges reste un moment incroyable de la visite avec sa cour, ses étages et ses sous-sols dont les soupirs des détenus résonnent encore. Pour l'image, il reste les nombreux graffitis gravés dans la pierre, parfois somptueux. Venise ce sont aussi les nombreux masques de carnaval qui nous observent dès qu'on entre dans les boutiques. Je me rappelle aussi de ce fabricant qui n'a pas hésité à réparer la tong de Misia qui n'avait pas résisté à la marche forcée...Comme tour en gondole on aura pris celle qui traverse le grand canal plutôt que celle qui le prend dans sa longueur...Des souvenirs comme des flashes qui prennent le dessus sur le prix exorbitant des toilettes, des bouteilles d'eau et de la vie en général sur la lagune. Contents d'être passé·es par Venise mais un poil frustré·es de ne pas en avoir profité comme on l'aurait voulu. Du vaporetto on regarde s'éloigner le Grand Canal pour repartir vers le nord.




Cour du palais des Doges



Grafitti dans les loges




BO : Radura - Se Questa È La Nostra Festa 

Après Florence ou Venise, arriver au lac de Garde c'est un peu retrouver la sérénité, se sentir bien dans un environnement paisible. Les accès à l'eau sont rigoureusement limités mais on parvient à se garer pour pouvoir un peu se délasser. Le séjour touche à sa fin mais on essaie de profiter quand même des derniers moments sur place. La chaleur est toujours incroyable et les moments de fraîcheur, rares, même dans la nuit. Cette fois on crèche au premier étage d'une villa familiale au bout d'un chemin au milieu de nulle part. 

Le lendemain à Sirmione il y a un peu plus de monde. On se gare à une assez longue distance du bled fortifié avant un petit bain sur une des nombreuses petites plages qu'il y a autour. Le lac est truffé d'eaux thermales visibles à la surface sous la forme de petites bulles qui montent du fonds en continu. On prend le petit train qui nous amène au bout de la presqu'île. Ici c'est the place to be pour les jeunes. Des guinguettes et des lieux branchouilles en cascade mais l'endroit n'est pas désagréable pour autant, bien au contraire. On est loin des petites rues et la plupart des touristes ne montent pas jusque là. Dans l'eau on manque plusieurs fois de s'éclater sur les rochers glissants pendant qu'au large du lac les bateaux de plaisance font leur petit tour.




BO : Raein - Costellazione Secondo le Leggi del Caso

Pour l'avant dernier jour, on part au doigt mouillé. On n'a rien réservé mais comme Céline ne s'inquiète pas, je ne m'inquiète pas non plus. Le chemin qu'on emprunte n'est pas le plus intéressant mais l'idée est d'arriver sur la côte ligure sans perdre trop de temps. Destination Finale Ligure sur la riviera italienne. On glande un peu sur la plage en attendant qu'un appart trouvé en speed se libère mais ce n'est pas pour nous déplaire. En guise de dédommagement, une bouteille de blanc bien frais nous attend dans le frigo. La ballade digestive du soir est superbe et la ville offre un cachet insoupçonné. Les enfants sont contents dans leur chambre et nous on s'enquille pour la troisième fois un canapé convertible.

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