Le silence de l'amer - Le journal du confinement # 9

En regardant de la fenêtre les filles jouant dans le couloir à l'extérieur, je pense aussi à cette soirée chez une amie où, de la cuisine, on voyait une sorte de plateforme sur un toit, fermée par des plaques de fer dont les interstices laissaient entrevoir des ombres furtives. C'étaient celles des robes des sœurs d'une communauté qui utilisaient ce boyau comme un lieu de promenade quotidienne en plein centre-ville. Leur règle interdisait de sortir et cette balade constituait la seule respiration qu'elles pouvaient s'autoriser. Depuis, il ne sert plus, les sœurs ont déménagé pour une autre maison dans le quartier. Rien de trop comparable en ce moment. On peut sortir avec les filles une heure par jour dans un rayon n'excédant pas un km mais ça fait un drôle d'effet quand même de se dire que ce corridor est l'unique endroit où elles peuvent se rendre librement. 

Il y en a quand même que cette situation du confinement doit faire kiffer, voire inspirer : les amoureux d'une société avec un couvre-feu, des restrictions de circuler, bref les amoureux d'un environnement policier. Chez certain.e.s, la tentation est certainement grande d'en profiter. Le gouvernement a déjà commencé à nous offrir un aperçu de ce que pourrait être la société de demain, où la surveillance serait la norme entre caméras, drones et même les hélicoptères qui sont utilisés pour les personnes bravant le confinement. Les lois scélérates qui sont en train d'être mises en place, officiellement de manière provisoire, pourraient très bien être prolongées si l'on n'y prend pas garde. Si en matière sociale l'Etat traîne la patte et a des oursins plein les poches, en revanche, il a toujours un temps d'avance en matière de répression. Ce serait bien de s'en rappeler quand on sortira de tout ce bazar. Portez-vous bien.

Paix & Solidarité.

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