La porte des enfers - Laurent Gaudé (2008)

Juste quelques secondes de tumulte, de feu et de sang pour faire basculer le quotidien en Enfer, sur une pente savonneuse qu'il sera impossible à remonter. Matteo avait pourtant tout fait pour protéger son gamin et il se figurait que, lorsque tout s'arrêterait, il le rassurerait et ces mots auraient tôt fait d'atténuer ses pleurs. Sauf que Pippo ne pleurait plus, ne reniflait plus, ne bougeait plus. Le sol, alors, se dérobe sous les pieds de Matteo et Giuliana ne souhaite qu'une chose : c'est qu'il fasse la peau de celui qui lui a pris son enfant. Mais s'attaquer à la Camorra n'est pas chose simple et Matteo ne se sent pas les épaules. Pour lui le plus simple serait de le faire revenir du royaume des morts...
Dit comme ça, on aurait pu s'attendre à une bluette biblique, où Dieu aurait eu pitié de l'Innocence fauchée en pleine rue. Le coup de force de Gaudé est justement de faire cohabiter monde contemporain et "fantastique" sans qu'il y ait de césure visible entre les deux, un peu comme lorsqu'on descend à la cave pour en remonter quelques secondes après. Sans surenchère, cette quête résonne comme un refus de la fatalité chère à la religion catholique faisant d'un roman, au début pas très avenant, une aventure réellement captivante.

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