Shooters # 16


Dans la banlieue bordelaise, la famille Cazenave forme un drôle de trio. Fernand et sa mère dorment dans la même chambre pendant que sa femme, Mathilde, est en train de crever dans celle d'à côté. Partagé entre les deux, mais sous la férule inflexible d'une mère dominatrice qui ne supporte pas l'intrusion d'une rivale sous son toit, Fernand subit les événements d'un complexe oedipien poussé à son paroxysme. Le seul problème c'est que plus ça arrive tard, plus les conséquences peuvent être désastreuses. Dans Genitrix, Mauriac décrit un ambiance froide, un univers sordide, où la relation filiale est l'équivalent d'une corde à nœuds, où même la mort n'est plus une délivrance. 
A côté de ça, le retour du vieux dégueulasse de Bukowski passerait presque pour un épisode de Martine. Composé des nouvelles inédites destinées à paraître dans le journal Open City, on retrouve notre divin Charles dans son rôle favori, celui de la glandouille et de la bibine. C'est frais, enjoué et indécent comme on l'aime. 
Dans un genre plus léger, on ne sait pas trop si les histoires écrites par Benchetrit dans ses Chroniques de l'Asphalte sont du lard ou du cochon. Frais émoulu photographe, il arrive à Paris avec les dents longues et prêt à en découdre comme on dit à Paris des bouseux de Province. Le narrateur glisse à peu près sur toutes les peaux de banane qui peuvent exister dans la capitale mais se rattrape toujours, rejoue l'attrape-coeurs avec plus de succès que Holden Caulfield, et conclue ses histoires de meilleure manière que Jean-Claude Tergal. Ca se lit vite et bien, et on rit franchement.
On se marre beaucoup moins avec le Naufrages de Yoshimura. Dans un village pauvre côtier du Japon ses habitants, durant les périodes de famine, n'attendent qu'une chose : le passage d'un navire à proximité et qu'il se viande sur les rochers. Les marchandises échoués pourront être récupérées par ses habitants et tant pis si parfois il faut buter un matelot rescapé en loucedé. Quand ça arrive, c'est la fête. Sauf quand tous les matelots sont morts de la variole. Yoshimura a dû être bénédictin réformateur dans une vie ancienne. Pour lui la vie n'est qu'un long chemin de croix où l'humain est là uniquement pour en chier. Dans Naufrages, il décrit une société paysanne nippone où les enfants ne sont que des bras pour travailler, où le rire est totalement banni, côtoyant la mort, la faim et la maladie (choisissez l'ordre qui vous plaira). 

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