Retour aux mots sauvages. Derrière ce titre une réalité, ceux des mots formatés, des discours encadrés, des solutions prévues, du tout-anticipé. Pas de place pour la discussion franche et sincère, instantanée, où les mots sortent directement du cerveau et non pas d'un prompteur qui aura réponse à tout. Le quotidien décrit par Beinstingel est celui de milliers d'hommes et de femmes, rassemblés dans des plate-formes en open space, là pour apporter des solutions à des systèmes de communication qui déconnent, pour des personnes qui souvent ne communiquent plus. L'homme est malléable et peut se comporter en véritable machine pendant un moment. Mais parfois ça coince et l'humain reprend le dessus. Il y a ceux chez qui ça pète, ceux chez qui l'irréparable arrive. Mais tous cherchent toujours à remettre de la chair dans un monde qui en est dépourvu.
Sans forcer, sans exagérer le verbe, Beinstingel décrit un univers qui, finalement, derrière des postures, des rôles, un vocabulaire consensuel, parfois dénaturé, se retrouve totalement désabusé et pas dupe de ce qu'on veut lui faire avaler. Même ceux chargés d'apporter ce grain de vitalité demandé, cette motivation, ne trouvent plus les mots et se retrouvent vite dans leurs derniers retranchements. Désormais la violence n'est plus dans un rapport de force permanent, elle est insidieuse, sournoise, surgissant dans les circonvolutions de la routine, des discours qui ne passent plus et que les dirigeants auraient voulu éternels.
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