Les racines du ciel - Romain Gary (1956)

Existe t-il une hiérarchie dans les combats à mener ? L'action de l'homme est-elle toujours motivée par un anthropocentrisme le poussant à rejeter tout ce qui l'entoure pour les bienfaits de la Cause ? Pragmatique ou idéaliste ? Quand Morel prend la tête de la défense des éléphants d'Afrique contre le trafic d'ivoire, il ne se pose pas toutes ces questions. Pour lui, ce type de combat se passe de réflexion, protéger ces racines du ciel c'est l'évidence même. Lui est en accord avec sa conscience. Minna aussi, la belle prostituée, Minna la berlinoise qui a fui son pays natal suite à l'incompréhension de ses proches. Vu au début comme un doux illuminé, quand, avec sa bande il commence à s'attaquer aux intérêts français en Afrique, il ne les fait plus du tout rigoler. Le gouverneur s'en mêle et sa tête est mise à prix. 
Avec Les racines du ciel, Gary signait un roman écolo tranchant véritablement avec le caractère très nombriliste de son oeuvre. Ici pas de décrépitude ni de brainstorming sur les mous de la chique, mais un état des lieux de la politique coloniale de la France et de l'instrumentalisation des romantiques, de ceux qui se battent pour ces causes nobles que tout le monde devrait défendre. Mais comme toujours avec Gary c'est pas aussi simple que ça. Ce qui apparaît comme évident au début, le devient un peu moins au fur et à mesure du livre, à tel point que ce qui faisait l'unanimité devient sujet à caution, ce qui est décrit comme une attitude totalement altruiste et désintéressée, devient une action purement égoïste.


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