Le repas des fauves, de Vahé Katcha (1960)

L'Occupation allemande n'a pas trop l'air de mal se passer pour le libraire Pélissier. Pour fêter l'anniversaire de sa femme Sophia,  rien de mieux que d'organiser une petite fête avec ses amis. Entre ceux qui s’accommodent de la présence germanique, ceux que ça irrite les discussions vont bon train. Même si la politique est priée de rester à l’entrée de l'appartement, elle fait parfois irruption au détour d'une phrase, d'une allusion. Concrètement, elle prend la forme d'un officier de la SS qui fait irruption dans leur soirée après que deux officiers allemands se soient fait buter devant la porte. Dès lors l'ambiance change, le major Kolbak, un habitué de la librairie, demande à Pélissier de fournir deux otages. On s'y attendait un peu mais, devant le danger, le vrai visage des protagonistes se fait jour. Chacun tente de tirer la couverture à soi, expliquant pourquoi il est nécessaire qu'il ou elle survive plutôt qu'un autre...
L'atmosphère aurait pu être lourde, pesante, Francis Azéma choisit de donner de l'air à une pièce où tout paraît mesuré, des décors à la mise en scène. Et comme le huis-clos incite vraiment au statisme, ne restent que le verbe et les acteurs pour transformer un naufrage possible en une réussite complète. Ici les morsures cyniques des fauves ne laissent pas beaucoup de traces, car tempérées par un humour omniprésent donnant à cette pièce une tournure inattendue et un ton moins grave que le laissait supposer le titre et l'affiche.



Auteur : Vahé Katcha, Julien Sibres
Artistes : Anne-Sophie Delahaye, Alexandra Pons, Valérie Coré, Francis Azéma, Claude Hélias, Philippe Canizarès, Philippe Cros, Denis Escadafals, Jean-Pierre Pradines
Metteur en scène : Francis Azéma

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