Les compagnons de la grappe - John Fante (1977)

On ne saura jamais si le traquenard affectif tendu par Nick Molise à son fils Henry avait pour but de renouer des liens distendus par une histoire familiale ponctuée de coups de pied au cul, de brimades et de désillusions. Le fait est que, quand son père lui demande de monter avec lui dans la montagne afin de construire un fumoir pour son ami Sam Ramponi, Henry accepte de faire le manœuvre. Lui l'écrivain, l'aîné d'une fratrie faisant la fierté d'une mère au foyer, le désespoir d'un père qui n'aura vu aucun de ses fils lui succéder dans la maçonnerie.
Les compagnons de la grappe c'est l'histoire d'une famille de l'immigration italienne telle que la véhiculent les clichés. Ça gueule, ça claque des portes, ça veut mourir pour finir par se réconcilier autour du père mourant avant de s'enfiler un plat de pâtes pantagruélique, sous le regard attendri de la mère, artisan de l'ombre et ciment véritable sans qui le noyau aurait tout bonnement éclaté. C'est surtout l'histoire d'une relation père/fils, relation aussi forte que bancale où chacun hésite sur la manière de révéler son affection à l'autre, sa présence, d'attirer son attention, cherchant peut-être à créer un rapport "normal" que tous deux estiment ne pas avoir eu pendant toutes ces années.  Les compagnons de la grappe n'a pas la force émotionnelle de Demande à la poussière ou même Bandini, mais s'en dégagent une nostalgie et une tendresse qui justifient largement le détour.

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