Les serpents de la frontière - James Crumley (1996)

Fallait pas avoir l'estomac fragile quand Milo a mis le pied dans cette baraque. Du sang et des tripes à tous les étages, un massacre en bonne et due forme et le repas de midi finit dans le bonnet dont il se servait pour passer inaperçu. Plus de son âge assurément mais l'occasion unique d’entraîner dans la mouise son collègue Sughrue qui pleure encore sa nénette Wynona dont il a hérité du fils quand les narco trafiquants mexicains l'ont enlevée et tuée. Les serpents de la frontière c'est la suite du canard siffleur mexicain. L'aventure les entraînera aux alentours d'El Paso, dans les rades près de la frontière, là où un simple regard appuyé d'une demi-seconde peut conduire six pieds sous terre. Car les loustics du coin ne plaisantent pas. A Sughrue et Milo en revanche ça les fait rigoler. Plus grand chose ne leur fait peur et se jeter dans la bagarre a pour eux un petit air de bain de jouvence même quand c'est à l'extrême limite.
Comme d'habitude avec Crumley il faut s'accrocher. Ce qui, dans un premier temps, prend les allures d'un crime de psychopathe va très rapidement se transformer au détour d'un indice, d'une trace quelconque, d'un mot. Chez lui, on est dans la vénalité la plus simple. On ne tue pas pour le plaisir ni pour satisfaire des pulsions criminelles comme chez Ellroy mais pour acquérir un territoire, un bien, genre conquête du Far West en somme. Du coup, tout s'accumule, les morts en même temps que les raisons de tuer, les tueurs et les commanditaires, à tel point qu'il est toujours pas évident d'y voir très clair dans une prose dont le côté croustillant nous fait largement oublier le foutoir que devient progressivement cette histoire.

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