Shooters # 13

 Désœuvré et au chômage, Eduardo aménage chez sa sœur et son mec. Comme il ne fout rien de ses journées, il passe son temps à faire comme les vieilles derrière leur fenêtre, celles qui soulèvent un coin du rideau pour voir ce qu'il se passe dehors et se faire des films. En prenant pour cible une voiture jaune qui stationne en permanence devant un magasin, il se lie d'amitié avec le proprio après l'avoir dénoncé à la police. Après avoir partagé un coup avec lui, il l'égorge et prend sa place, aux côtés des quatre vipères qui occupent également l'espace. Avec leur aide, il va mettre la ville à feu et à sang sans que l'on sache trop pourquoi. S'en suit une course-poursuite à travers la ville où tout le monde échafaude des hypothèses sur les motifs qui habitent ce tueur. L'écriture de Horacio Castellanos Moya est sobre, y'a pas un mot plus haut que l'autre. Le bal des vipères se lit vite et bien mais ça ne procure pas beaucoup d'émotion si l'on n'est pas nerveux à l'idée de passer ses journées avec quatre bébètes sans bras ni jambe qui marchent sur leur ventre.

Les nouvelles de Hot Water Music ne sont certainement pas les récits les plus subversifs de Bukowski. Certes le whisky à l'eau reste le fil conducteur de toutes ces scénettes mettant en scène un Chinaski ou autre hétéronyme (de toute manière c'est toujours de Bukowski qu'il s'agit) à l'art désormais confirmé, vivant de ce qu'il écrit et qui n'est plus obligé de passer ses nuits dans le caniveau avec les clodos du coin. 

Mais, que l'on se rassure, riche ou pauvre, le pèlerin reste le même, notamment dans ses relations avec les nanas, pilonnant les conventions en ne gardant que le côté charnel de la chose. Mais là où, auparavant, le sordide dominait ses écrits, le badin prend désormais le dessus, comme cette histoire où il se fait plumer par une bombe draguée au champ de courses, ou cette obsession de l'amputation du gland, concept revenant dans trois histoires au moins et dont les psychanalystes auraient certainement pu tirer quelque chose.