Maintenant le mal est fait - Pascal Dessaint (2013)

Ça commence par un décès, ça finit par une (re)naissance. Serge flotte au pied de la falaise, son corps rabattu par les vagues. On attendra que la mer se calme pour aller le chercher. Suicide ? Meurtre ? A vrai dire on s'en fout le tout est maintenant de comprendre comment et surtout pourquoi il est arrivé là. Au centre de Maintenant le mal est fait, une petite troupe d'amis et leurs familles, où tout le monde connaît tout le monde, ses habitudes, son caractère, où chacun peut anticiper les réactions de l'autre. Mais tout ne roule plus comme avant. Un projet d'autoroute à la tête duquel se trouve Bernard, doit traverser la propriété de Germain qui s'en contrefout. Pas Serge. Sensible à l'environnement, il s'est pris d'affection pour une espèce d'insecte, le pique-prune, que l'on ne trouve qu'à un seul endroit du bled, le jardin de Germain. Ce qui commence par une affaire écologique finira par devenir une histoire passionnelle. L'histoire du pique-prune nous permet d'entrer dans l'intimité de tous, chacun ayant quelque chose à cacher. 
En apparence désabusé, au développement lent, Maintenant le mal est fait nous fait pénétrer un monde où les rêves de jeunesse sont annihilés par l'inexorable routine des jours qui passent. Tout y est triste et même quand la situation pourrait tendre au burlesque (la scène du sanglier), une chape de plomb empêche toute velléité de poilade. Et d'ailleurs ce n'est pas le but de Dessaint. La technique de la multiplicité des narrateurs, chère à Faulkner, nous offre autant de points de vue et nous permet de pénétrer une intimité que tous ne connaîtront pas. Obscur mais non dénué d'espoir (il faut chercher c'est vrai).