Clockers - Richard Price (1995)

Pour Strike dealer à un coin de rue est une activité comme une autre. Une profession, un moyen de gagner sa vie. Aussi quand on vient lui affirmer le contraire, il ne comprend pas, part à la recherche d'arguments pour contrecarrer les médisants. A Dempsy, banlieue de Jersey City, les gamins blacks n'ont pas trente-six alternatives. Soit ils sont embauchés par les darons de la drogue du quartier, soit ils sont de l'autre côté de la barrière, shooteuses en action et pipes à crack au bec. Alors pour éviter le chômage et la longue descente aux enfers qui en découle, les gamins jouent avec le fric, avec la vie. Pour eux le futur c'est décider de ce qu'ils vont manger le soir. Tout l'inverse de ce que leur a appris Rodney Little qui insiste sur le fait de placer de l'argent à gauche pour plus tard. Un bon papa ce Rodney, prévenant et tout, ayant Strike à la bonne, à tel point qu'il le voudrait pour lieutenant. Mais pour cela, Strike doit se débarrasser de celui en place...
Price n'est ni Connelly, ni Ellroy. Il n'y a pas de suspense, pas d'enquête à tiroir, pas de rebondissement. Rien que la banale réalité du quotidien, pour les flics et pour les autres. Elle n'en est pas moins sordide car personne n'en voie/verra la fin. Chacun s'applique à remplir un tonneau percé avec tout ce qui tombe sous la main, espoir, désespoir, richesse, pauvreté, malheur, bonheur, en n'espérant même pas que l'horizon s'éclaircisse un jour puisque tout recommencera le lendemain. Comme quoi ce n'est pas en réfléchissant des plombes qu'on fait les meilleurs polars, mais juste en regardant dans la rue. Price et Simon l'ont bien compris.

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