Il a fallu attendre 2024 pour que Le Crématorium Froid soit enfin traduit en français. Depuis sa parution en 1950, nous étions privé·es de ce témoignage, un de plus pour essayer de nous faire toucher du doigt l'horreur vécue par ces hommes et ces femmes uniquement coupables d'être juif·ves. Quand on voit les embuches rencontrées on se demande par quel miracle certain·es d'entre elleux ont pu survivre. Non content d'essayer de déjouer les méthodes brutales des SS, il fallait aussi prendre garde aux délations, profiter des relations tissées avec les autres prisonniers. Une bonne dose de débrouille, d'intuition, mais aussi de chance pour tenter de déjouer tout ça.
Le témoignage de Debreczeni n'apporte rien de neuf de ce que l'on sait déjà, ce qui ne banalise pourtant pas ce qu'il a vécu. Comme Primo Levi, il nous entraîne au plus proche de l'abjection, dans ces wagons de transport durant lesquels les jours qui passent amènent leurs lots de morts, dans les baraquements ouverts aux quatre vents, les marches forcées pour rejoindre les autres camps. Depuis son arrivée à Auschwitz, Debreczeni aura connu plusieurs camps dont ceux dépendant de Gross Rosen, notamment celui de Dornhau. Ce crématorium froid dont il parle c'est le revier, le camp-hopital qu'il rejoint en fin de périple et dans lequel il va séjourner à la merci des expériences médicales SS, des quelques solidarités qu'il arrivera à glâner par-ci, par-là, toujours dans la crainte que le jour présent puisse être le dernier. Plusieurs étages de pathologies, de faiblesses, de blessures, des personnes à l'abandon privées d'une dignité que Debreczeni tente de leur faire recouvrer.
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