Sartoris - William Faulkner (1929)

Chez les Sartoris le temps s'est arrêté. Les esclaves ont été affranchis mais ils sont restés parce qu'ils ne savaient pas où aller, parce qu'ils n'avaient pas de quoi où aller. La grande résidence n'est plus que l'ombre d'elle-même, ses occupants aussi. Hantée par des fantômes du passé, des silhouettes spectrales errent par les couloirs, Jenny Dupré, l'insolente Sally, Bayard Sartoris le jeune et Bayard Sartoris le vieux. Outre leur prénom, tous deux ont en commun leur proche direct dans le souvenir duquel ils essaient de vivre, respectivement le frère John, aimé de tous, et le père John, à l'origine de la fortune des Sartoris. 
Faulkner aurait pu les saisir au faîte de leur réussite, il les ramasse à la petite pelle, en essayant de leur trouver un intérêt. Pendant que le vieux Bayard attend la mort, coincé entre l'attention tyrannique de Jenny et les sollicitations pécuniaires de ses domestiques, Bayard le jeune joue avec elle dans son automobile où il s'amuse à faire peur aux rares courageux qui se risquent à l'accompagner. Tentant de sauver sa vie dans un mariage avec Narcissa qui s’avérera être un fiasco, il tentera un dernier baroud d'honneur maladroit pour s'élever à la hauteur de ses parents. Saga plus que classique pour Faulkner qui nous a habitué à affronter des lurons plus intéressants que ceux de son Sartoris. C'est paradoxalement le seul moyen qu'il a trouvé pour illustrer la décadence de cette famille. Du coup on regarde patiemment s'éteindre une lignée en s'emmerdant autant qu'elle.

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