Les Ritals - François Cavanna (1978)

On a l'impression que Cavanna joue au vieux con lorsqu'il jette ce regard sur Nogent-sur-Marne. Il est surtout de mauvaise foi car, pour tous les gamins du monde, l'environnement premier reste un eldorado à explorer, celui dans lequel sont bien ancrées les bases quelle que soit l'époque. En fait sa ville natale est uniquement le bouc-émissaire de son enfance perdue. Les Ritals ce n'est pas uniquement le bouquin des immigrés italiens en banlieue parisienne, c'est aussi celui de toutes les minorités étrangères venues gratter la merde des français quand ceux-ci ne voulaient plus le faire. L'enfance de Cavanna sera marquée par cette ambiance, cet environnement où le rejet des autochtones oblige au repli sur soi et aux rapports étroits qui peuvent en découler. Mais pour lui c'est encore autre chose. Il a le cul entre deux chaises, son père est italien, sa mère est française, n'est pas noté pareil et ne se sent appartenir à aucune communauté en particulier. Né dans un environnement pas spécialement cultivé, Cavanna fait ce qu'il peut avec l'amour et ce que lui donnent ses parents. Il compense par une curiosité et une soif d'apprendre qui le pousse à dévorer n'importe quel texte à sa portée, même la liste d'ingrédients d'une boîte de chocolat en poudre. Cavanna écrit en se mettant dans la peau du gamin qu'il a été, retranscrivant ce qu'il entend autour de lui sans guillemets, la perception des ritals par les français, mais également la perception des autres communautés par les ritals eux-mêmes, vision pas toujours politiquement correcte si l'on perd de vue que l'auteur décrit ce qu'il voit avec ses yeux d'enfant, à travers le prisme de l'éducation de ses parents et de la vision d'une époque. Les Ritals est une petite brise d'air frais et vivifiant, sa Vie devant soi.

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