A mi-chemin - Sam Shepard (2002)

Les personnages de Shepard n'ont rien d'exceptionnel. Pas d'aberration de foire comme chez Crews, pas de pichet à vin comme chez Bukowski, rien que du très normal, des gens qui essaient de vivre, de surnager, de maintenir la tête hors de l'eau d'un quotidien qui finira un jour par les engloutir. Parfois ils y arrivent, d'autres fois non et c'est à ce moment-là que Shepard les saisit, les shoote comme un photographe, immortalise ces instants de vie.
C'est ce type qui se barre sur un coup de tête à des milliers de kilomètres de chez lui pour balancer à sa femme qu'il la quitte par un coup de fil froid et sans espoir, ce père de famille qui évite le pire dans la cave de la maison familiale, ces deux vieux bonhommes qui se déchirent pour la nana qui leur sert leur infusion à la cafét du coin, ce propriétaire de jument qui ne veut pas la voir mourir et qui refile la responsabilité de la faire euthanasier à son ami...Tous ont en commun une fuite, une faiblesse, la volonté de ne pas avoir de courage, revendiquant le droit de se tromper, de se montrer égoïste sans complètement apparaître comme de sombres salopards. Et c'est là où réside le talent de Shepard, dans cette écriture, ces ambiances à la Harrison qui nous endorment peut-être pour ne pas avoir à détester totalement ces êtres humains dans des histoires courtes qui, au pire, ne vous demanderont pas énormément de temps, au mieux vous donneront envie de connaître le reste de sa bibliographie comme c'est mon cas.

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