Berlin, Livre II : Ville de fumée - Jason Lutes (2009)

On a laissé Berlin en effervescence...On la retrouve meurtrie. Le rassemblement de gauche du 1er mai a tourné au cauchemar pour les démocrates puisque la Schupo n'a pas fait de détail et a clairement choisi son camp. En quelques heures la chape de plomb nazie s'est clairement fait plus pesante pour les minorités pour lesquelles sortir signifie de plus en plus risquer sa peau. Berlin n'est plus que l'ombre d'elle-même, mais c'est encore une ville qui veut croire que rien n'est inéluctable, qui tente de continuer à vivre entre les clubs de jazz et les soirées privées. Derniers cris de jouissance avant que ne s'abattent les ténèbres...
Jason Lutes n'est pas pressé de les voir s'installer. Il retarde leur advenue, mais ne peut lutter contre la détérioration qui s'installe dans la société, les relations, dans les regards des gens envers l'autre, "l'étranger", hier ami, aujourd'hui presque ennemi. Marasme idéologique, social sur lequel va prospérer le NSPD qui progressivement empoisonne Berlin, l'auteur met bien en opposition une société bourgeoise qui fait comme si de rien n'était, et un peuple, tenaillé par la faim et le froid, prêt à suivre le premier qui lui donnera de la soupe et un pull pour se réchauffer. Lutes nous balade, de clubs en clandés, jusqu'aux quartiers populaires, en état de délabrement, les rues comme les esprits s'attarde aussi sur l'histoire d'amour entre Severing et Marthe qui bat de l’aile et fait entrer dans son roman graphique de nouveaux protagonistes dont on suppose qu'ils vont également être de la partie lors du tome 3. L'histoire ne progresse pas vite, manière pour l'auteur de bien nous imprégner de cette atmosphère étouffante, mais suffisamment pour nous laisser entrevoir la suite lorsque tout le monde se laisse rattraper par les évènements graves de 1929. Après le tome 1 la surprise n'est plus de mise mais il nous tarde de savoir la suite même si on en connaît les grandes lignes.

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