Assurément le livre qu'il ne faut jamais avoir loin de soi. Parce que quoiqu'on entende ça nous concerne tous et que prendre le risque d'oublier c'est aussi prendre le risque que cela recommence demain pour n'importe qui, pour n'importe quoi...
Primo Levi a vingt-quatre ans lorsqu'il est déporté à Auschwitz. Il y restera jusqu'à la fin, jusqu'à la libération du camp par les russes. S'en suivra une période d'errance avant le retour au bercail. Écrit à chaud juste après, Si c'est un homme est un témoignage effroyablement lucide sur le pire des univers concentrationnaires de la seconde guerre mondiale. Levi y décrit sa vie quotidienne, partagée entre le travail et les "sélections". Plus qu'une résistance au jour le jour, il faut savoir anticiper sur ce qu'on va dire, faire pour pouvoir les éviter, le moindre détail pouvant conduire subitement à la chambre à gaz. L'intelligence occupe une part importante, mais la chance aussi et ceux qui en sont dépourvus ne survivront pas à cette expérience. Au delà de l'aspect personnel, Si c'est un homme dresse également un constat sans concession sur la qualité de l'Homme, du côté des bourreaux, bien évidemment, mais aussi du côté des victimes. Même dans des situations aussi dramatiques, la solidarité montre ses limites et un trop-plein d'empathie peut être fatal. L'homme est un animal social mais également doté d'un fort instinct de survie qui peut occasionner un repli sur soi auquel n'échappera pas toujours Levi. Rédigé de manière simple, à vocation pédagogique (la fin de l'ouvrage comporte en plus une batterie de questions posées par des élèves à l'écrivain), Si c'est un homme n'en possède pas moins un caractère poignant qui ne peut laisser personne indifférent.
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