Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur - Harper Lee (1960)

Un méchant coup de vieux sur le plan littéraire, mais une œuvre qui n'en demeure pas moins d'actualité dans un pays toujours enclin à voir dans l'homme de couleur un criminel en puissance. Tom Robinson n'a pas de chance. Être noir en Alabama en 1935, c'est prendre le risque de devenir le bouc émissaire du premier pèquenot du coin et que ça finisse mal. C'est l'époque où les USA sont frappés de schizophrénie et n'arrivent pas à trouver d'entente sur le plan constitutionnel. L'esclavage est aboli mais les lois Jim Crow permettent le contournement de certains amendements fondateurs en autorisant les états qui le souhaitent à adopter le précepte Separate but Equals. En gros, on est tous égaux mais on se mélange pas. Alors quand le père Ewell porte plainte pour le viol supposé de sa fille, Robinson commence à compter ses os. 
Écrit en 1960, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur repose sur un concept dualiste pouvant apparaître suranné de nos jours. L'écriture de Harper Lee reste traditionnelle, sans trop de frivolité, très judéo-chrétienne. Elle ne s’accorde aucun écart de conduite mais ne fait pas pour autant de son bouquin un plaidoyer pour la liberté cul-cul la praline en raison du ton de la narration, celle de Jean Louise la cadette, ingénue mais pas tête en l'air non plus. C'est aussi le parcours initiatique de deux gamins marqués par les us et coutumes locaux qui vont profiter de cette expérience pour s'en affranchir totalement.

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