Rémy Cazals - Les carnets de guerre de Louis Barthas, Tonnelier (1914/1918) - (1978)

C'est à l'universitaire toulousain Rémy Cazals que l'on doit d'avoir déterré ces carnets de guerre dans les années 70. Des cahiers rédigés sur le front, sous la pluie des obus et les rafales des mitraillettes. Des cahiers pour ne rien oublier d'un conflit non pas pour une raison honorifique ou pour célébrer les exploits de ceux qui soi-disant seraient montés à l'assaut pour préserver la patrie, mais pour témoigner de son horreur. Avec Barthas on est au cœur de la boucherie, près de la mort, les pieds dans la boue à subir avec lui les errements (c'est un euphémisme) d'un haut-commandement qui n'en a rien à cirer d'envoyer au casse-pipe des gamins de 16 ans. Lui a eu la chance de passer au travers malgré ses quatre années de présence sur le front. D'autres en auront eu moins. Avec Barthas on n'est évidemment pas dans la célébration patriotique. L'audois tente de jeter un œil lucide sur tout ce qui l'entoure en essayant de ne pas trop se laisser emporter par ses idées. Militant socialiste, syndicaliste, ayant lu les philosophes et titulaire de son certificat d'études, il décrit patiemment les relations avec ses supérieurs directs, la vie au front mais également à l'arrière lors des périodes de repos et le combat quotidien contre le froid, la pluie, la neige, la chaleur et les poux. Il décrit aussi les longues périodes d'attente dans les tranchées, en train de réfléchir aux raisons le poussant à être là, à tirer sur des gamins comme lui qui ne lui ont rien fait, et avec qui il partage parfois cigarettes, fous rires, allant même jusqu'à chanter en cœur l'Internationale. Plus du tout un journal intime, presque un reportage de guerre. Tout simplement édifiant.

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