Fall Of Efrafa - The Warren of Snares (2006-2010)

Owsla 2006
Il est peut-être un peu prématuré de parler de légende pour qualifier Fall Of Efrafa. Ou tout simplement le terme apparaît trop honorifique pour un groupe qui ne voyait dans son art rien d'exceptionnel, juste une évidence, celle d'avoir fait ce qu'il fallait, durant un temps donné, avec les moyens dont il disposait. Une ambition qui n'a pas toujours été comprise dans un milieu punk qui, paradoxalement, possède certaines règles et n'aime pas que l'on sorte des sentiers battus.

A la base de Fall Of Efrafa un bouquin, The Watership Down, de Richard Adams, réquisitoire philosophico-politique à l'encontre de l'Homme, dont l'anthropocentrisme, le complexe de supériorité, la sensation d'immortalité le conduit à toutes les extrémités. Artisan de sa propre destruction, il est également celui qui détient la clé pour y remédier, le dernier rempart, l'ultime part de conscience avant la chute finale. L’œuvre servira de décor et de prétexte aux anglais.  Le reste de l'histoire c'est eux qui vont l'écrire, en empruntant le vocabulaire d'Adams, sa trame, parfois son langage, celui qu'il a inventé, un monde que FOE s'appropriera dans les faits, dans les gestes, dans le dessin, dans la musique, dans le texte. Un triptyque dont le premier volet, Owsla, voit le jour en 2006. Au terme d'une introduction langoureuse et mélancolique au violoncelle, éclate "Pity the Weak", intense et brûlant. Fall Of Efrafa redistribue les cartes d'un genre qui ne misait que sur la force brute pour s'exprimer, ose la longueur, la langueur, le cri de douleur tout en restant vindicatif dans le message.     

Elil 2007
La musique se densifie dans le deuxième volet, Elil, qui paraît en 2007. Plus que des titres, trois chapitres axés véritablement sur la Religion, concept créé par l'Homme lui permettant d'exercer un contrôle spirituel sur ses semblables et d'annihiler toute velléité d'émancipation. Ici, la colère et la haine de Fall Of Efrafa à l'égard d'une Religion réductrice sont plus que tangibles, abordant le problème sous plusieurs angles dont celui, très instructif, d'un adepte de la secte nord-américaine Dominion Theology souhaitant l'instauration d'une théocratie chrétienne ("Dominion Theology"). Si Owsla privilégiait plutôt le frontal, Elil campe l'insidieux, le progressif, musicalement traduit par une posture plus posée. Les trois titres sont de longues plages sonores, massives, de formidables espaces d'expression où Fall Of Efrafa peut alors laisser libre cours à une inspiration délaissant peu à peu les contrées punk traditionnelles pour les espaces éthérés de Godspeed You ! Black Emperor ou Neurosis. 

Inle 2009
2010 est le temps de l'achèvement. Inlé, le troisième panneau de The Warren Of Snares est avant tout la victoire contre l'obscurantisme auquel succède le temps du questionnement, de l'utilisation de cette liberté et de l'incertitude qui va avec lorsque disparaissent les postulats, les artifices, les entraves qui régissaient les vies. Un troisième chapitre plus en-dessous que les autres, peut-être parce que trop réfléchi, moins instinctif mais que le final en apothéose de "The Warren of Snares" rachète de fort belle manière. Le sort de Fall Of Efrafa est scellé. 

En quatre années les anglais ont apporté avec eux une dimension qu'il sera par la suite difficile à égaler en intensité, dans sa conception graphique, musicale ou même littéraire. Humble, ambitieux et déterminé. Trois termes qui décrivent parfaitement la personnalité de Fall Of Efrafa. Humble dans sa façon d'agir, ambitieux dans sa manière d'envisager la musique, déterminé dans sa volonté à défoncer les idées reçues, à parvenir à accomplir son dessein pour le torpiller à son apogée.

Fall Of Efrafa - Dominion Theology, Live at New Brunswick (2009).

Sound Devastation.

Commentaires

  1. De voir ta chronique, cela me fait penser que je dois avoir quelques photos du groupe que je n'ai jamais publié sur shootmeagain.com. Il va falloir que je fasse cela un jour

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    1. Bonne idée, surtout que des shots de Efrafa sur la toile j'en ai pas trouvé des masses.

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  2. Je vais essayer de me botter le cul alors ;-)

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