Baltimore - David Simon (2012)

Parce que ce n'est pas un roman mais bien le récit d'une histoire vécue, parce que les lacérations sont réelles, les tirs de balles, assourdissants, la décomposition des corps, olfactivement insupportable, David Simon n'aura pas eu à trop se creuser la cervelle. Juste observer sans intervenir dans le quotidien de la brigade criminelle de Baltimore qu'il a suivie pendant un an dans les rues d'une des villes les plus criminogènes des States. Les héros de son bouquin ne sont pas omnipotents, courent rarement et pour cause, ils interviennent le plus souvent lorsque le crime a été commis. Ils ont certainement tous des fêlures, des faiblesses, mais, quelles qu'elles soient, celles-ci sont laissées à la maison lorsqu'ils franchissent la porte du bureau. Un seul objectif : régler l'affaire pour augmenter le taux d'élucidation des crimes tout en gardant un œil sur le risque de vice de procédure. 
David Simon n'entre pas dans le privé de ces inspecteurs mais les décrit au quotidien, sur leur lieu de travail entre les scènes de crimes et les sessions de médecine légale, entre les interrogatoires et les passages devant les tribunaux. Un quotidien à côtoyer la misère, la lie de la terre, où chacun fait ce qu'il sait faire le mieux pour s'en sortir quand la plupart des agents de l'Etat ont baissé pavillon, écraser la gueule du voisin pour survivre le temps qu'un autre en fasse de même. Même si Simon ne juge pas, il n'est pas neutre pour autant. Aux côtés des flics, il tisse inévitablement des liens de complicité, d'amitié alimentant le côté manichéiste d'un bouquin qui, hormis ça, se dévore d'une traite.

Commentaires