Shooters # 9


Un histoire qui finit par un divorce (Une séparation), Le passé qui commence par là, Fahradi a de la suite dans les idées mais est aussi la proie de celles qui sont fixes. Officiellement, Ahmad débarque à Paris pour régulariser le divorce avec Marie. Mais en oubliant de lui réserver une place à l’hôtel et en l'invitant à séjourner chez elle pour régler le conflit qu'elle entretient avec sa fille, elle prend le risque de se mettre le rifle dans sa maison, coincée entre un passé encore présent et un futur avec Samir qui tarde à se concrétiser. Les personnages ne savent pas trop où ils en sont et Fahradi parviendra à les pousser dans leur dernier retranchement, à les mettre face à leurs contradictions. Le réalisateur est long à la détente, très économe dans une mise en scène qui se déroule en très grande partie à l'intérieur parce que pour lui seuls les acteurs comptent mais les obligeant aussi à se déchirer pour occuper l'écran. C'est en grande partie réussi dans un film qui, à partir d'un sujet traitant de la confusion des sentiments, va lentement dériver sans qu'on s'en rende compte vers une intrigue policière. 
Only God Forgives du danois Nicolas Winding Refn va largement au-delà. En balançant son histoire à Bangkok, il  n'a pas à forcer pour entourer son film d'une aura de mystère que seule l'orient est capable d'apporter. On échappe bien évidemment pas aux clichés avec combats de boxe thaï et coups de sabre millimétrés, mais tout ceci est traité avec finesse, dans une pénombre permanente permettant aussi de mettre en valeur le charme mutique de Ryan Gosling, torturé entre la volonté de s’affranchir de la tutelle de sa mère (Kristin Scott-Thomas, inhabituellement moche dans ce rôle) qui apparait dans des flashes, et celle d'y obéir ne serait-ce que pour venger son frère aîné, bastonné à mort par le père de la gamine de 14 ans qu'il a violée et assassinée. Un scénar à peine un peu plus épais que Drive, mais une réalisation à couper le souffle dans cette histoire mêlant envie de vengeance et complexe œdipien.

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