Québec - 2017

Montréal.
Montréal doit bien fouiller dans son passé pour y trouver des traces de son patrimoine. Mais, curieusement, ce n'est pas les quartiers les plus anciens qui emportent l'adhésion. Le Vieux Montréal, constitué d'une seule rue, Saint-Paul, n'est pas loin d'être un attrape-touriste sans âme, gangrené par la gentrification et les omelettes à 20 dollars. Hormis le Vieux-port, on ne perd pas grand-chose à expédier la visite. Le patrimoine industriel est, de loin, ce qui procure le plus d'intérêt dans le secteur. Les silos n°5, gigantesques constructions de ferraille et de ciment veillent sur l'entrée du port et offrent leur ombre à une partie du quartier anglophone, tandis que le H67 témoigne de la vitalité passée de son architecture urbaine. En remontant un peu dans les rues du centre-ville, on passe une bonne partie du trajet le nez en l'air, assommé par les masses des gratte-ciels qui font malgré tout de Montréal une vraie ville d'Amérique du Nord mais qui contraste véritablement avec le quartier de Mont Royal, ses petites maisons toutes mignonnes et ses ratons laveurs gras comme des faisans d'élevage que les touristes nourrissent avec des chips et des cacahuètes, ce qui est pourtant rigoureusement interdit. 

On arrive juste pour l'anniversaire de la fondation de Hochelaga (Montréal) et bon nombre de festivités sont organisées pour un événement diversement perçu. Certains y voient aussi la commémoration d'une occupation lorsque les européens, sentant bon le fric qu'ils pouvaient se faire avec les ressources naturelles et animales du coin, ont bien foutu le bordel en exportant leur société viciée et en montant les tribus autochtones les unes contre les autres (Le pays renversé, Denys Delage). Bref, aujourd'hui hormis quelques réserves, c'est un juste retour des choses mais ce sont les francophones qui se sentent minoritaires. Entouré de 200 millions d'anglophones, les québécois semblent voir dans les français des alliés naturels pour résister.  

Québec.
C'est surtout vrai à Québec qui, en temps que capitale de la province, revendique cette appellation française et cet héritage. La ville offre d'autres attraits que ceux de Montréal et on sent une réelle immersion au cœur du Québec. L'accent se fait plus marqué à tel point qu'on a souvent l'impression de se retrouver dans un bled berrichon dans les années 1950. La vieille ville cosy, aux accents vaubaniens, ressemblant à une cité british avec ses escaliers extérieurs, présente un charme indéniable mais on doit s'y sentir à l'étroit même si elle a tout d'une grande ville. L'incroyable densité de personnes y est pour beaucoup - le concert de Metallica sur les plaines d'Abraham prévu ce jour n'arrangeant pas les choses - mais, il est agréable de s'y perdre, déambuler dans les ruelles de la citadelle de part et d'autre de la rue Saint-Jean, point névralgique de la ville. En empruntant le funiculaire, on peut descendre au quartier Champlaing avec ses faux-airs de village. 
Mais pour apprécier la ville tout en étant à la campagne, rien de mieux que l'île d'Orléans, à quelques encablures. Avec ses maisons individuelles en bois, elle présente un petit air de Bretagne. On s'arrête manger dans une érablière et notre repas est musicalement bercé par l'accordéon en folie d'un musicien local, là pour distraire un bus de personnes âgées qui a eu également la bonne idée de s'arrêter au même endroit que nous. Les oreilles encore saignantes de volutes enjouées, nous reprenons la route après avoir jeté un œil sur la forêt qui permet de recueillir l'érable. Les arbres sont reliés d'un enchevêtrement de tuyaux bleu recueillant la sève qui sera transformé en sirop ou en beurre. Le côté est de l’île offre un visage beaucoup plus maritime avec ses plages de sable. Parfois un gros tanker laisse un sillon dans la flotte au loin. Un pilote connaissant le cours du Saint-Laurent est nécessaire pour le remonter car, si le fleuve est incroyablement large, seul un étroit canal permet le passage des gros porteurs. Au retour, nous nous arrêtons à Wendake. Derrière ce nom se cache une réserve indienne. Le camp reconstitué pour l'occasion n'offre pas en soi d'intérêt particulier sur le plan de la visite. En revanche on en apprend énormément sur la vie et la situation actuelle des hurons avec celui qui nous accueille, Simon Perrusse. 
Mais depuis notre départ de Montreal, un étrange sentiment nous anime tous lorsque l'on longe le Saint-Laurent. Chaque fois qu'on s'arrête nous scrutons le large pour tenter d'apercevoir le bout d'un aileron ou d'une nageoire caudale. 

Les Bergeronnes.
Au confluent du Saguenay et du Saint-Laurent, la route s'arrête, laissant la manœuvre au traversier qui effectue le trajet vers l'autre rive 24h/24 et 7j/7. La tension dans la voiture est à son comble, augmentant au fur et à mesure que nous nous rapprochons des Bergeronnes. Le bord du Saint-Laurent à cet endroit est parsemé de centres d'observation et d'interprétation des cétacés assez intéressants si l'on veut en apprendre le plus possible sur leur comportement. Mûs par le désir d'apercevoir le plus tôt possible les baleines et l'intention de ne pas se faire empaler par les moustiques, on accède au spot après une rapide promenade dans la forêt. Notre première rencontre avec les habitants du fleuve s'effectue avec les marsouins qui baladent leur silhouette sombre au dessus des flots. A cette heure tardive, une demi-douzaine font leurs emplettes de planctons et de petits poissons. L'expédition du lendemain nous donne plus de satisfaction, au delà de nos espérances. Après vingt minutes de croisière pour rejoindre le théâtre des opérations, trois baleines arrivées récemment dans le secteur nous offrent leur ballet sous-marin à une distance respectable (les baleines ne peuvent pas être approchées à moins de 200 m. Cette distance monte à 400 m pour les bélugas, en réel danger d'extinction).

Le fjord du Saguenay.
Nous avions prévu de faire la rive est du Saint-Laurent mais notre hôte Blaise nous a conseillé de remonter le Saguenay. Hormis Port Saint-Rose, mignon petit port de pêche, on s'enquille 200 bornes de forêt, sans grand intérêt pour parvenir enfin à Chicoutimi sous une grosse chaleur. Une partie de la ville a été détruite par les inondations de 1996. Ne reste de ces habitations qu'une pauvre maison de laquelle coule un ruisseau de flotte (spéciale dédicace). Un musée y a élu domicile mais on ne l'a pas visité préférant nous rabattre sur la pulperie située en haut de la ville avec ses bâtiments désaffectés. Le dimanche à Chicoutimi, c'est dead zone. Après que les filles se soient un peu détendus les pieds dans l'eau, on traîne pas et on se dirige vers le lac Saint-Jean. Trouver un endroit sur la rive sud pour s'approcher de la berge relève d'une difficulté sans nom. L'espace a été entièrement privatisé par les promoteurs. On tente une percée à l'arrière d'un motel mais on se fait jeter tranquilou par un résident. Après un autre arrêt pas très probant, il faut parvenir jusqu'à Robertval et sa marina pour avoir enfin une vue sur le lac. 

La Tuque.
Il n'y a que nous pour faire la route de la forêt jusqu'à la Tuque. 130 km sans rencontrer personne et en étant suivi par un 38 tonnes. On arrive vers 23.00 au motel. Le temps de déclencher les cataractes dans la douche, c'est l'extinction des feux pour toute la bande. Le lendemain, c'est sous une fine pluie que l'on fait la balade dans le parc situé à la sortie de la ville. Il doit y avoir au moins un million d'orignaux au Canada mais le seul que l'on verra sera empaillé dans un box du musée naturel de la Tuque. Le pavillon de la fourrure est jumelé avec celui consacré à Félix Leclerc. On ne sait pas trop ce qu'il fait là. Il doit y avoir un lien de cause à effet mais je n'ai pas encore trouvé lequel. 


 
Québec
 
Montréal - La fonderie
 
Sur le traversier - Tadoussac
 
Montréal - Silo n°5
 
Québec - quartier de Champlain
 
Tadoussac
 
Québec - Porte Saint Jean
 
Montréal - H67

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