Budapest - 2016

En partant de la station Arcania, on savait qu'on allait s'éloigner du centre de Budapest mais pas à ce point. Céline a fait le compte : à peu près 20 arrêts de bus avant d'atteindre le terminus qui devient le point de départ pour l'aéroport. A l'intérieur c'est assez calme pour un retour de soirée. Le bus largue petit à petit ses passagers dans des quartiers de banlieue avant de s'arrêter au milieu de nulle part. Mais en Hongrie, même nulle part, on peut trouver une échoppe où bouffer une saucisse à 2.00 du matin. 

Le Parlement
A Budapest, l'art ancien n'offre pas d'intérêt majeur. Sur la colline de Buda, c'est pourtant lui qui prédomine autour du palais royal et de l'église Saint-Matthias. Mais ici les sites intéressants sont bien les bains laissés par les turcs. Celui du populaire Kyrali, par exemple, dont le bain central remonte au XVIe siècle et dans lequel les habitants du quartier viennent tremper leur cuir dans une flotte à 36° ou bien celui de Rudas, plus stylé et un peu plus classe. Mais rien ne vaut celui de l’hôtel Gellert avec ses bassins clinquants et ses plafonds de cathédrales dans lesquels résonnent encore les voix des apparatchiks du Parti. 

En traversant le Danube, on change quasiment de ville. Pest grouille de monde et l'activité se situe véritablement dans ce quartier. Le tramway nous largue dans le quartier de la Grande Synagogue (juif néologue), supposée être la deuxième par ses dimensions après celle de New York. A l'extérieur dans le patio, le nom des Justes des Nations est décliné sur une grosse plaque de marbre juste à côté d'un cimetière où sont enterrés les corps des Juifs décimés par les pogroms qui ont frappé la ville entre 1939 et 1945. A l'entrée, un petit vieux distribue des kippa aux hommes qui n'ont pas la tête couverte et me demande de mettre ma casquette. On s'enfonce dans le quartier juif pour visiter le reste car c'est shabbat et, dans quelques heures, tout sera fermé. Le quartier renferme deux autres synagogues plus discrètes, l'une désacralisée et réservée aux spectacles de musique, l'autre toujours en activité et dédiée au culte juif orthodoxe. Sur un million de juifs avant la guerre, il n'en reste aujourd'hui que 80.000 dans toute la Hongrie. 

Budapest, c'est un des paradis de l'Art Nouveau. Si vous voulez vraiment vous imprégner de l'atmosphère et éventuellement de la grandeur passé de la ville, aussi futile que soit ce dernier intérêt, il faut se perdre dans les grandes artères, laisser tomber les enseignes commerciales qui attirent involontairement votre regard et l'orienter vers ces façades incroyables ornées de bas-reliefs ou, quand on arrive à les voir, ces toitures à la faïence colorée comme celles du Musée des Arts Décoratifs, incontournable. 
Musée des Arts décoratifs
 Malheureusement, la ville n'échappe pas à la gentrification. L'ouverture de faux-lieux alternatifs donnerait presque l'impression du contraire mais la présence de cerbères du service d'ordre à l'entrée et les prix prohibitifs pratiqués nous ramènent douloureusement à la réalité, celle d'un capitalisme faisant feu de tout bois pour ramener du blé. Rien de particulier à Budapest, c'est une tendance générale qui ne serait pas notable si, par-dessus le marché, le pays ne s'était pas enfermé dans une posture défensive et nationaliste avec l'avènement du Fidezs, parti ayant porté Viktor Orban au pouvoir qui entreprend la réécriture d'une partie de l'histoire de la Hongrie notamment avec le monument de la place de la liberté où la Hongrie est supposée avoir été une victime des nazis alors que ses dirigeants d'alors ont largement contribué à collaborer avec eux. Bon nombre de hongrois refusent cette interprétation et se réunissent tous les jours sur cette place pour en discuter et appeler le gouvernement à les rencontrer jusqu'à ce que tombe ce monument.


 
Pest 
 
Ancien immeuble collectiviste


Marché central



 
Buda


 
Ancienne caisse d'épargne

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