Madame, votre enfant est molle ! est une catharsis, pas autre chose. Un cri de rage, d'espoir trop longtemps contenu dans un petit bout de femme, comprimé par des années d'efforts, d'attention, de tête dans le guidon, parce que quand les gamins sont là, ben on n'a pas le temps de se lamenter, il faut agir.
Jeanne et Christophe en ont chié, c'est clair. D'abord pour faire comprendre que Cyann est, avant tout, une enfant mais qu'elle nécessite une attention dont n'ont pas obligatoirement besoin les autres gamins. Etre toujours en équilibre, ne pas se résigner mais ne pas faire non plus comme si rien ne s'était passé. Leur vie au début se résume à l'écouter essayer de grandir, à devenir la plus autonome possible. Mais c'est pas simple quand la plupart des portes se referment sur les doigts ou, quand elles s'ouvrent, rien ne s'acquiert facilement même/surtout lorsqu'on est dans le besoin, qu'on attend des réponses et qu'elles tardent à venir ou qu'elles ne sont pas celles escomptées, plus par ignorance que par mauvaise volonté. Alors, passé l'abattement, Jeanne gueule, s'énerve, parce que Cyann c'est son enfant, c'est sa vie, et qu'elle veut le meilleur pour elle mais pas à n'importe quel prix; parce que, derrière, il y a une gamine qui grandit, curieuse, prête à aimer, à croquer la vie à tout prix. Madame votre enfant est molle, c'est pas de la littérature de salon mais plutôt de celle qui s'écrit avec les tripes.
Pour l'acheter c'est par là.
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