Des villes dans la plaine - Cormac McCarthy (1998)

John Grady bosse comme garçon-vacher dans le ranch de McGovern, un bon papa qui n'a pas encore troqué ses fringues de fermier des temps anciens contre celui de productiviste à tout crin. A priori tout se passe bien dans ce monde de mecs, où les femmes ne font une apparition que lorsqu'il est l'heure de bouffer ou lors de rapports sexuels tarifés. C'est justement lors d'une de ces incursions dans un bordel de la frontière mexicaine que Grady tombe raide dingue d'une pensionnaire qui, d'après lui, n'a rien à faire là. Son histoire est sordide, vendue à maintes reprises, violée plusieurs fois puis revendue pour être à nouveau violée et être mise sur le trottoir. Avec elle Grady rêve d'un petit chez soi qu'il retape avec l'autorisation de son patron et veut la sortir de cette situation. Mais le mac Eduardo ne l'entend pas de cette oreille et Grady aura besoin du soutien de Billy Parham pour parvenir à ses fins. 
Cormac Mc Carthy est un écrivain du temps qui passe, s'étire, mais qui ne casse jamais. C'est peut-être pour ça qu'on se laisse gentiment bercer par sa prose lancinante où chaque mot est pesé, un écrivain capable de faire d'un presque muet la personne la plus bavarde de son roman. A plus forte raison lorsqu'il doit exprimer son transport amoureux, ce qui est assez rare chez McCarthy. Celui de John Grady n'est pas dans les mots, mais dans les gestes, dans cette passion qui le soulève, le saisit aux tripes et qui l’empêchera de faire demi-tour au moment fatidique, ce combat dantesque, presque gigantomachique qu'il livrera contre Eduardo pour récupérer sa belle.

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