Des souris et des hommes - John Steinbeck (1937)

Faire la route à deux c'est quand même plus marrant que tout seul. Sauf quand tu traînes un boulet de la trempe de Lennie Small. Grand comme un buffet de grand-mère, la délicatesse d'un mammouth et con comme une table, pour George Milton la cohabitation tient davantage de la protection des civils que du voyage d'agrément. Mais bon, une promesse est une promesse et il est désormais impossible de faire marche arrière, surtout quand le chemin est parsemé des exploits de son encombrant acolyte. Milton sait de toute façon qu'un jour ou l'autre tout finira mal. Alors il fait son possible, multiplie les recommandations à Lennie pour éviter le pire, mais il y a les impondérables, les situations contre lesquelles il n'y pourra rien.  A la ferme des Jackson près de Salinas où le duo atterrit,  Mae, la nénette du fils du patron, s'emmerde depuis qu'elle n'a pu réaliser son rêve de devenir actrice. Elle trouvera chez Lennie une oreille sinon attentive du moins ouverte pour y déverser son mal-être.
Même s'il se déroule durant la crise économique de 1929, impossible de ressentir dans ce bref roman une once de tension, celle-ci étant peut-être annihilée par le soleil californien et l'oisiveté fréquente des protagonistes qui contribuent même à donner au drame final une tournure presque anecdotique. Steinbeck nous trimballe au rythme de ces rouliers, buvant l'eau croupie des mares et chassant le ragondin pour se sustenter pendant que résonnent au loin les conflits sociaux. Plutôt que rester sur place à manger la poussière, eux ont décidé de partir sur les routes, à la recherche de leur terre promise. Avancer plutôt que mourir...

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