Zazie dans le métro - Raymond Queneau (1959)

Zazie a beau être haute comme trois pommes, elle n'a pas sa langue dans sa poche. Et dès qu'elle se fait larguer par sa mère Jeanne Lalochère entre les pattes de son frère Gabriel, tenancier de bar à Paris, elle monte sur ses ergots, prête à cogner du bec contre le premier qui se mettra en travers de son chemin. Le père Turandot qui la suit lors de sa première fugue en sera pour ses frais, lui qui pensait bien faire se fera traiter de satyre et encourra le risque de se faire lyncher par la population ameutée. Elle aura moins de chance avec le second, beaucoup plus malin qu'elle qui la ramènera à la maison.  
Le roman de Queneau sent le muscadet et la blanquette de veau, l'odeur de tabac froid dans les cendriers dispersés sur les tables en formica. D'où la nostalgie qui se dégagera de l'ensemble, je parle bien évidemment pour ceux qui ont presque connu cette époque là comme c'est mon cas. Les autres se construiront des souvenirs avec les Starbuck. Rien de subversif pourtant mais, au delà des néologismes et des barbarismes de l'écriture de Queneau, il y règne une folie douce au milieu d'un petit monde où chacun a sa place depuis des temps immémoriaux subitement perturbé par l'irruption de cette gamine qui n'a pas trop froid aux yeux. Zazie dans le métro n'a pas la profondeur mélancolique de La vie devant soi mais une légèreté par laquelle on se laisse gentiment effleurer.

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