Disgrâce - J.M. Coetzee (1999)

Depuis ses deux divorces, David Lurie a fait une croix sur pas mal de choses, notamment ses illusions conjugales. Du coup il s'oublie dans la rencontre de nanas de passage mais auxquelles parfois il s'habitue, plus de manière addictive que sentimentale finalement. La révélation de sa relation avec son étudiante Mélanie Isaacs sur le campus de l'université du Cap va chambouler le cours de sa vie. Refusant catégoriquement de justifier ses agissements devant la commission de discipline, il est contraint de démissionner et se réfugie à la campagne chez sa fille Lucy, reconvertie dans l'agriculture.
Même si l'Apartheid a été aboli il n'y a pas longtemps et que la tendance est à la réconciliation nationale, pas d'angélisme apparent dans Disgrâce. Coetzee dresse un portrait de la campagne rude, rustique, voyant l'arrivée du blanc comme une tentative de colonisation supplémentaire. En voulant s'installer aux côtés de sa fille, Lurie qui croit fuir le chaos de la ville, se heurte à un autre, plus important encore qui le touche dans la chair de sa chair et qu'il ne comprend pas, dont les origines prennent racine dans cette politique ségrégationniste encore présente dans les mentalités. Un ouvrage à l'atmosphère lourde, écrit avec des mots simples accentuant un malaise grandissant page après page, à plus forte raison lorsque les velléités de justice de Lurie se heurtent à la résignation obstinée de sa fille. Malsain.


Commentaires