Le diable au corps - Raymond Radiguet (1923)

Certes dans la vie tout n'est pas qu'une affaire de relations mais, inutile de le cacher, le succès du Diable au corps doit certainement beaucoup au cercle d'amis de son auteur, particulièrement Cocteau. Parce que bon, si l'on s'en tient à l'histoire on n'a quand même rien de plus que ce qu'écrivait Flaubert 70 ans plus tôt dans Madame Bovary, une époque encore moins tolérante que celle à laquelle vivait Radiguet. Une histoire passionnelle entre le narrateur et Marthe, au début platonique, puis le mari s'absente (et pour cause il est au front, l'histoire se déroule entre 1914 et 1918) et la fête du slip commence. 
Dans ce petit pavillon de la banlieue riche de Paris, Marthe et son amoureux transi récitent une gamme, celle de l'amour, de leur amour, comme si tout était écrit d'avance, comme s''il y avait des paliers à franchir. De petites piques aux mensonges pour éprouver la passion, les deux feignent l’indignation, la tristesse, le désespoir, pour mieux se retrouver, se jeter dans les bras de l'autre, attentif au moindre signe qui devient sujet à discussion et à interprétation. Un amour au début cachée sous une bonne tonne de stratagèmes plus fumeux les uns que les autres - la balade au bord de la Marne avec René - puis le camouflage se fissure, révélant à l'entourage la relation interdite, au laitier d'abord, puis aux domestiques et enfin à la famille qui ne sait plus que faire pour conjurer le déshonneur. La publicité autour devient tellement importante que les ébats deviennent même l'attraction de la soirée organisée par les Marin, les voisins du dessous, auditeurs quotidiens privilégiés. Bon c'est peut-être un peu osé pour l'époque, mais il est difficile de s'en émouvoir presque un siècle après durant lequel les Kerouac, Bukowski, Ellis et compagnie se sont évertué à abattre à la massue le mur des inhibitions littéraires. A lire par curiosité mais pas plus.

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