Le canard siffleur mexicain - James Crumley (1994)

C.W. Sughrue se doutait bien que récupérer les poissons exotiques des jumeaux Dalhgren chez Norman Hazelbrook n'allait pas être de la tarte. Chef des bikers du coin et brute épaisse patentée, bouffeur de nez de flic au sens propre, les visites dans sa tanière peuvent rapidement tourner à l'orage si la plus élémentaire précaution n'est pas prise. Mais la bête devient plus docile dès qu'on sort l'artillerie lourde. Du coup Sughrue s'attendrit et accède même à sa demande de partir à la recherche de sa mère, Mary, sa future femme, souhaitant qu'elle soit présente au mariage prochainement prévu.
Le début ne laissait rien présager du chaos qui suivrait mais personne n'est dupe. On connaît Crumley et s'il commence tranquilou avec une petite enquête des familles, qui s’apparente d'ailleurs davantage pour lui à une course à la supérette qu'à autre chose, c'est qu'il a l'intention d'aller loin. Et pour assurer ses arrières rien de mieux que les vieux amis Frank, Jimmy, Solly et même Norman, respectivement flic, postier, avocat et branleur. Le rapport entre tous ? Juste le Vietnam, les rizières et les forêts dans lesquelles ils se sont perdus, englués, dans lesquelles ils ont eu peur en attendant que leur tombe dessus l'ennemi invisible, un conflit omniprésent dans le bouquin et dans son oeuvre. Crumley jongle entre tout ça, les opérations paramilitaires, les expéditions punitives, les trafics des cartels de drogue, les souvenirs déclenchant les ressentiments et les haines enfouies. On saisit pas toujours où il veut en venir, tout se mélangeant par moment au détour d'une page, mais on se laisse absorber par sa logorrhée unique et imagée, ses personnages imprévisibles.  

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