American Psycho - Brett Easton Ellis (1991)

Finalement ce n'est pas Patrick Bateman le golden boy, mais plutôt Easton Ellis. Parvenir à bouleverser la littérature américaine* avec Fashion TV et en nous faisant croire que les merdes de Genesis et Huey Lewis ont marqué un tournant dans le rock, il fallait un talent incroyable et une capacité de persuasion à toute épreuve. Pourtant, se foutre de la gueule des yuppies, de leur  superficialité, leur obsession de paraître plutôt que d'être, le fait que leur définition de l'amitié s'arrête à celui qui a des entrées dans les plus grands restaus new yorkais ou qui possède assez de coke pour fournir tout Manhattan gratos, l'initiative était louable. Alors où se situe la supercherie ? Peut-être dans tout ça, en prenant une trame aussi maigre qu'une morue, en alignant les descriptions de fringues de marque pendant des plombes, de matos hi-fi, les chroniques élogieuses de skeuds commerciaux, de meurtres sanglants, Easton Ellis nous endort en faisant croire que sa prose est le dernier truc trendy alors que c'est juste une plaquette publicitaire pour multinationales. Alors oui, on franchit un palier dans l'horreur et la luxure, on se demande jusqu'à la fin si Bateman est un véritable psychopathe ou un réel schizo, malade de ses moments passés dans les lieux aseptisés et dans cette chambre stérile qu'est finalement sa vie, mais il manque quand même l'essentiel, l'âme, le cœur et les tripes avec lesquelles se construisent les réels chefs-d'oeuvre, et je parle pas de celles de ses victimes présumées.

* F. Beigbeder, quatrième de couverture

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