Effacement - Percival Everett (2001)

La quatrième de couverture annonçait le bouquin d'Everett comme une autre manière de dénoncer le racisme grâce à la littérature. On y voit finalement plus l'amertume d'un écrivain académique en rogne contre son manque de succès littéraire, mais aussi pris entre plusieurs feux qui n'ont rien à voir comme la dépendance progressive de sa mère, le décès de sa sœur, les révélations sur la vie parallèle de son père et ses conséquences. Ça fait peut-être un peu trop à gérer pour Thelonious Monk qui, afin de démontrer que le premier pinpin venu peut écrire un bouquin et avoir du succès, change son fusil d'épaule, abandonne la belle écriture le temps d'une bafouille et balance un brûlot supposé venu de la rue qui l'envoie vers les sommets. Bref ce petit roman aux allures existentialistes, condescendant par certains côtés, se transforme petit à petit en une critique acerbe d'un monde littéraire moins sourcilleux à l'égard du langage de la rue, adepte d'une certaine idée de l'authenticité pendant que d'autres en sont encore à se demander si la littérature doit être conforme à ce qu'en disent les académiciens, à se poser en gardiens du temple du beau langage. N'en déplaise à ces derniers, la littérature n'est ni l'un ni l'autre, c'est tout à la fois et heureusement sinon les tartines de Bukowski ou Selby dormiraient encore dans des cartons.

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