Les Hauts de Hurlevent - Emily Brontë (1847)

A la base, un acte de charité, celui du père Earnshaw pour le vagabond Heathcliff, trouvé dans les rues de Liverpool, et ramené dans ses valises à la maison-mère. Mais introduire un petit chétif dans l'univers désolé de cette ferme, c'est prendre le risque de l'exposer aux caractères affirmés de ses occupants, Joseph, homme à tout faire méchant comme une teigne, Hindley, le fils aîné voyant en Heathcliff un concurrent direct dans l'héritage et la direction du domaine, et Catherine, la seule qui aura une attention pour lui et dont les rapports vont se resserrer petit à petit. Tous deux vont faire front durant leur enfance jusqu'à son mariage avec le fade Edgar Linton. Dès lors plus rien ne sera comme avant et la vie de Heathcliff n'aura que pour mot d'ordre de pourrir celle de tout ce qui s'approche de Cathy.
Assurément une des perles du romantisme british. Mais dire pourquoi une vieille fille parvient à nous fasciner avec 500 pages d'une histoire où le seul acte d'amour visible est un bisou sur le front relève de la lecture dans les entrailles. C'est hyper narratif, hyper descriptif, on est projeté plusieurs années en avant, pour revenir quelques années en arrière, on a des récits à plusieurs niveaux mais dans son fourbi Emily Brontë parvient à nous fasciner, à nous donner des frissons. On sent le vent nous cingler le visage, la pluie glaciale nous transpercer le corps, le feu de bois nous réchauffer les os. Parce que Hurlevent c'est l'histoire d'un amour, presque de l'Amour, de celui qui tord le ventre, qui empêche de dormir, pour lequel on ira se battre, abattre les barrières qui se mettront en travers. Celui de Heathcliff est indescriptible, déraisonnable et personne ne pourra le faire flancher, dévier de sa trajectoire et de son morbide dessein, celui de s'unir dans la mort à celle qui ne l'a pas voulu de son vivant.

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