Du sang dans les plumes - Joël Williams (2012)

Surtout ne pas se laisser rebuter par le titre très polar français du premier recueil de Joël Williams. Si, en effet, l'adolescence se termine dans un bain de sang par le meurtre de celui qui, durant des années, l'a traité comme la dernière des merdes, geste qu'il paie encore aujourd'hui par une condamnation dans un pénitencier, la plume de Williams lui sert surtout à ne pas sombrer. Dans ses écrits, pas d'amertume, juste la réalité, celle qu'il a vécue et qu'il s'applique à restituer par l'intermédiaire de son alter-ego Jake Wallace. 
De son enfance en Californie entre un père bipolaire et une belle-mère soumise, à sa vie derrière les barreaux, on découvre un gamin très vite laissé à lui-même, obligé de se dépêtrer dans la jungle de Los Angeles. Puis arrive la maturité quand elle ne lui sert plus à rien. Williams aurait pu se lâcher, exorciser tout ce qu'il a accumulé comme rancœur durant sa courte période de liberté. Mais pour lui l'écriture n'est pas une arme, simplement une compagne avec laquelle il joue. Les nouvelles de Williams sont simples, modestes, alors qu'il aurait pu tomber dans le sordide. Il ne parviendra pas à nous vendre que le pénitencier de haute sécurité dans lequel il se trouve est à peine plus violent qu'un lycée professionnel de banlieue, mais ce quotidien-là, il préfère l'oublier. Retenue, pudeur, Williams préfère parler de ce qui lui permet d'avancer, de se découvrir aussi, sans trop se mentir, se moquant gentiment de lui-même en affichant un côté macho pour l'instant d'après exposer son profil fleur bleue. Paradoxalement plein d'espoir.

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