Dieu bénisse l'Amérique - Mark SaFranko (2011)

Finalement peu importe que SaFranko ait transposé son histoire perso dans la peau d'une famille de polonais émigrée à New York. Polonais, italiens, irlandais, tous les pardessus se ressemblaient au contrôle de l'immigration d'Ellis Island et la vie quotidienne dans les banlieues populos des grandes villes ricaines était la même pour tout le monde. Aussi le destin de Max ZaJack n'a rien d'exceptionnel. Fils unique d'une famille bien implantée, un père plus patriote que les américains et un cyclone en guise de mère au foyer, sa vie s'écoule entre parties de base-ball, l'école et la découverte des filles, le tout ponctué par les torgnoles et la conviction bien ancrée que de toute façon il ne sera qu'un moins-que-rien. Mais bon ça n'empêche pas l'amour même si, le plus souvent, celui-ci laisse plus d'hématomes sur le corps que de bleus à l'âme.
Dans la lignée de Bukowski et de Cavanna, SaFranko revient sur une partie de son enfance. Ici les mots tendres sont remisés au placard, la précarité exige des bras pour travailler et ramener du pognon dans le foyer. Qu'ils n'appartiennent qu'à un gamin de 10 ans n'a aucune importance. Zajack est élevé à la dure mais pour lui c'est la seule et unique façon de faire. En revenant sur ça, il ne juge pas, énonce clairement et froidement les faits à une époque et dans un quartier où le pragmatisme faisait force de loi. Entre la sœur qui se fait fouetter pour expier les fautes des autres, le meurtre du jeune Welton et le quasi viol de ZaJack par une nympho black, on ne sait plus finalement où s'arrête la réalité et ou commence le fantasme et c'est peut-être là où réside la force de SaFranko, dans une écriture pas surnaturelle, certes, mais qui coule de source, comme une évidence, avec ce brin de légèreté et d'ironie qui exclurait presque toute gravité. Trop gros pour être vrai mais, au final, on s'en fout. Goutez et appréciez.

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