Extension du domaine de la lutte - Michel Houellebecq (1994)

Entre Paris et Rouen, quelques journées d'un cadre moyen d'une entreprise lambda, programmateur informatique. Après une formation à la chambre d'agriculture, il va errer avec son collègue Tisserand, se montant le bourrichon sur les potentialités de rencontrer une fille, allant presque jusqu'à la folie meurtrière. 
L'extension du domaine de la lutte pour Houellebecq, c'est l'élargissement du système unique politique, économique et social au domaine sexuel, un domaine où l'individu doit en accepter les codes pour pouvoir prétendre à une part du gâteau. En prenant comme référence un homme au cœur de la machine libérale, l'auteur montre les limites d'une société boulimique d'aliénations et de de soumissions, mais avare dans ses retours, où l'on a fait de la réussite sociale/professionnelle l'objectif majeur en oubliant que l'outil principal de cette machine est un être humain fait de chair et d'os, malléable, certes, mais jusqu'à un certain point. Car l'objectif fixé ne suffit pas obligatoirement au bonheur des gens. Désolé pour le topo un peu palot, mais dans Extension du domaine de la lutte, Houellebecq enfonce des portes ouvertes, dans un style parfois ironique, se voulant un peu décalé, mais au final très académique et frisant le plus souvent la neurasthénie, nous invitant quasiment à nous emmerder aux côtés de ses personnages. On ose à peine citer la référence à American Psycho de B.E. Ellis, paru trois ans plus tôt, tant la différence entre les deux est à peu près la même qu'entre L'inspecteur Harry et Derrick. Même Nothomb est plus convaincante dans Stupeur et tremblements.

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